Grâce aux progrès technologiques, on peut aujourd’hui tourner un film avec un téléphone portable. Nous sommes donc tous devenus, pour le meilleur et pour le pire, des cinéastes en puissance.
Réalisé avec deux bouts de ficelle, « Pauline s’arrache » laisse augurer le pire : la chronique brouillonne de l’adolescence en révolte. Emilie Brisavoine, qui a filmé sa demi-soeur, n’a pas fait beaucoup d’efforts pour soigner son travail. L’image est mal éclairée. Le son est saturé. Le montage est paresseux.
Mais ces défauts formels ne doivent pas entamer l’excitation ressentie devant ce film. Pauline, 18 ans, affronte avec une énergie communicative les épreuves de l’adolescence : ses parents, son petit copain en font successivement les frais. Hystérique, excessive, elle est follement attachante.
Pauline n’est pas le seul sujet du film. Elle n’en est peut-être même pas le sujet principal. Car le récit se décentre progressivement, donnant de plus en plus de place à la mère et au père. Ils ne forment pas un couple ordinaire. Lui est un travesti de dix ans plus jeune qu’elle. Leur couple semble à la fois terriblement conflictuel et incroyablement soudé.
Le mystère de ce couple hors norme n’est pas moins fascinant que l’incroyable énergie juvénile de leur fille.