Salafistes ★☆☆☆

Salafistes a fait parler de lui à cause de l’interdiction – rarissime – aux moins de 18 ans qui l’a frappé. La polémique est à la fois vaine et légitime.

Vaine. Ce documentaire médiocrement filmé et sorti en catimini dans deux minuscules – logiquement archi-combles – salles parisiennes ne méritait pas une telle publicité. De quoi s’agit-il ? De quelques interviews de leaders salafistes au Mali, en Mauritanie et en Tunisie ponctuées de vidéos de propagande piochées sur le web. Claude Lanzmann a beau crier au chef-d’œuvre ; on a connu le réalisateur de Shoah mieux inspiré. La fiction poétique de Timbuktu – qui emprunte aux mêmes événements – est autrement convaincante.

La polémique suscitée par la censure ministérielle n’en est pas moins légitime. C’est la première fois depuis 1962 qu’un documentaire est interdit aux moins de 18 ans – le privant par voie de conséquence de toute diffusion télévisuelle. Pourquoi ? Parce que, nous dit la Commission de classification, ce documentaire « ne permet pas de façon claire de faire la critique des discours violemment anti-occidentaux, antidémocratiques de légitimation d’actes terroristes (…) ». Donc est reproché à Salafistes non seulement de diffuser des scènes et des discours d’une extrême violence mais surtout de ne pas en faire la critique. Logiquement, le même raisonnement devrait conduire à censurer Naissance d’une nation ou Les Dieux du stade pour apologie de l’esclavagisme et du nazisme. Claude Lanzmann a raison : censurer Salafistes n’est pas seulement une atteinte à la liberté d’expression mais, pire, une insulte à l’intelligence du spectateur, fût-il mineur.

 

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