Contre-pouvoirs ★☆☆☆

Malek Bensmaïl avait réalisé en 2009 un documentaire épatant La Chine est encore loin qui – comme son nom ne l’indiquait pas – suivait pendant une année une classe de jeunes Algériens. Début 2014, il filme la rédaction de El Watan, le grand quotidien francophone d’Alger alors qu’il s’apprête à déménager dans de nouveaux locaux et que la campagne présidentielle bat son plein. Fondé en 1990, ce journal manifeste une liberté de ton étonnante, dans un système verrouillé et sclérosé.

Suivant les dogmes du cinéma documentaire, la caméra de Malek Bensmaïl se fait oublier, se glissant dans les salles de rédaction, enregistrant les discussions entre journalistes, les réunions de rédaction, captant les gestes des imprimeurs. Aucune voix off, aucun sous-titre pour expliquer ou contextualiser. Du coup, on veut bien croire que El Watan est en butte aux autorités, mais rien à l’écran ne le montre – si ce n’est un rendez-vous entre le rédacteur en chef et son avocat où sont rapidement passés en revue les procès en cours.

Le fil rouge du documentaire est la réélection annoncée de Abdelaziz Bouteflika. Ce choix n’est pas très heureux car le suspense est mince : la campagne est lancée sur un faux rythme, avec un président physiquement absent dont la figure est paradoxalement omniprésente ; elle se clôt sur une victoire « dans un fauteuil », double clin d’œil au score « soviétique » obtenu par le président sortant et à l’accident cardio-vasculaire qui le cloue dans une chaise roulante.

Contre-pouvoirs a le handicap de succéder à deux documentaires autrement réussis sur le même sujet : À la une du New York Times (2011) et Les Gens du Monde (2014)

La bande-annonce

Un commentaire sur “Contre-pouvoirs ★☆☆☆

  1. J’ai l’impression que les gens recherchent une dimension « utilitaire », négligeant la réalité humaine du film au profit d’une réalité économique et politique pourtant trop connue, trop dénoncée ailleurs. Un peu comme si les gens n’étaient pas sensibles aux protagonistes du film, comme si il fallait tjrs « globaliser ». Il serait temps que les gens comprennent que l’Algérie n’est pas un vaste troupeau sans personnalités individualisées ! Ou bien les gens manqueraient de sensibilité ? quand d’autres la musèlent pour ne pas être débordée par elle ! En fait, oui, pour émanciper nos peuples et sortir d’une image convenue ou opprimante(néo-coloniale) ou trop paternaliste, il faut forcer un regard complètement humain. En fait, il s’agit de combattre la violence symbolique décrite par Bourdieu !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *