Man on High Heels ★★★☆

L’inspecteur Ji-wook est un policier redoutable, passé maître dans les arts martiaux, qui terrifie les caïds les plus chevronnés. Mais l’inspecteur Ji-wook est aussi un homme animé, depuis son enfance, du désir inavouable de changer de sexe.

Imaginez d’un côté un polar coréen agrémenté de combats chorégraphiés par John Woo ou Wong Kar-wai (l’inspecteur Ji-wook et son parapluie rappellent furieusement  le héros de The Grandmaster). Imaginez de l’autre un film sur le transgenrisme : Tangerine, Transamerica ou The Danish Girl. Mélangez les deux ! Impossible me direz-vous ! Et vous aurez raison ! Quoi de plus macho que ces films de kung-fu où des mâles bodybuildés dérouillent des méchants à la douzaine.

Mais, à la réflexion, le mélange a plus de sens qu’il n’y paraît. L’imagerie du kung fu charrie en effet, sous couvert d’une glorification très macho de l’hypervirilité, une dimension profondément homo-érotique. Le même paradoxe s’appliquait aux combats de gladiateurs des années 60 – ou à Charlton Heston, le héros de Ben Hur, promu icône gay à son corps défendant.

C’est sur cette ambiguïté à la fois totalement paradoxal et parfaitement sensée que joue le film de Jan Jin, honnête faiseur coréen qui compte déjà à son actif quatre polars inédits en France. Sans doute le fait-il parfois sans subtilité. Les flashbacks, s’ils donnent au personnage de Ji-Wook une épaisseur psychologique, sont filmés dans une lumière inutilement radieuse. La conclusion, certes inattendue, s’allonge inutilement à force de rebondissements. Mais Man on High Heels (puissamment traduit Le Flic aux talons hauts) est suffisamment original pour mériter le détour.

La bande-annonce

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