Baccalauréat ★★★☆

Eliza fait la fierté de Romeo, son père. Elle se prépare à quitter la Roumanie pour aller suivre des études supérieures à Londres. Mais à la veille de passer le baccalauréat, elle est victime d’une agression. Si elle ne se présente pas à son examen, si elle n’y obtient pas de notes suffisantes, ce sont tous ses espoirs et ceux de son père qui s’effondrent. Une solution existe toutefois. Mais elle suppose que Romeo et Eliza fassent taire leurs scrupules.

Depuis une dizaine d’années, les réalisateurs roumains dressent de leur pays un tableau sinistre. Cristian Mungiu est le plus célèbre grâce à la notoriété que lui a conférée sa Palme d’or cannoise pour « 4 mois, 3 semaines, 2 jours » sans doute l’un des films les plus bouleversants de ces dix dernières années. Mais il n’est pas le seul. Rien qu’en 2016, on a vu « Illégitime » de Adien Sitaru ou « Sieranevada » de Cristi Puiu. Le premier est un coup de cœur, le second un coup de gueule ; mais l’un comme l’autre sont remarquables par leur âpreté. Il y a un article à écrire sur la Roumanie au prisme de son cinéma où il faudrait évoquer aussi l’image que donne de la Roumanie des réalisateurs étrangers telle que l’Allemande Maren Ade, la réalisatrice de Toni Erdman.

Cristian Mungiu réalise son troisième film en dix ans seulement. On y retrouve les mêmes qualités que dans « 4 mois… ». Une critique au scalpel de la société roumaine. Mais une critique jamais simpliste. Rarement aura été décrit avec autant de finesse le processus par lequel des relations de corruption se nouent. Il suffit d’une vie dure, de règles administratives obscures et idiotes… et d’une solidarité un peu trop envahissante. « J’ai besoin d’un petit service que tu as la gentillesse de me rendre et pour lequel je te serai ultérieurement redevable ». Rien de plus. Rien de moins aussi. Car tout se paie comme Romeo en fera la douloureuse expérience.

Le film le décrit pris au piège de ses petites compromissions. Il a peut-être le défaut de le laisser au milieu du gué, sans dénouer tous les fils de l’intrigue qu’il a tissés. L’aurait-il fait, il aurait encouru la critique d’être trop didactique. Ne le blâmons pas pour cela.

La bande-annonce

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