Rogue One : A Star Wars Story ★★☆☆

Chacun sait que Star Wars IV (Un nouvel espoir) raconte comment Luke Skylwaker détruit l’Étoile de la mort. Personne n’ignore que Star Wars III (La revanche des Sith) se termine avec la mise en construction, sous le regard de Palpatine et de Dark Vador, de cette arme absolue. D’où la question qui immanquablement tenait en haleine des milliards de spectateurs depuis plusieurs années : que se passe-t-il entre la fin du III et le début du IV ?

La question se subdivise en plusieurs branches. Premièrement comment Leia, la fille d’Anakin et de Padné, confiée au sénateur Bail Organa et élevée sur la planète Alderaan, prend-elle la tête de la rébellion ? Deuxièmement, comment la rébellion met-elle la main sur les plans de l’Étoile de la mort ? C’est à cette seconde question – et à cette seconde question seulement – que répond Rogue One…. en attendant qu’un éventuel Rogue Two réponde peut-être à la première, qui aurait donc pour vedette Leia et son inénarrable coiffure.

On l’aura compris : Disney doit rentabiliser les quatre milliards de dollars que lui ont coûté le rachat de Lucas Films en en exploitant les moindres filons. Il n’est plus question d’attendre des années entre chaque épisode. Chaque mois de décembre verra désormais, avec une précision métronomique, la sortie d’un film de la saga : Star Wars VIII en 2017, Star Wars IX en 2019 et en 2018 un stand alone film sur Han Solo.

Rogue One est donc un Star Wars Canada dry. Ça ressemble à du Star Wars ; ça a le goût du Star Wars ; mais ce n’est pas tout à fait Star Wars. La musique par exemple laisse percer les accents célèbres de John Williams, mais les modifie légèrement. Les personnages ressemblent à s’y méprendre aux héros récurrents de la série : l’héroïne, interprétée par Felicity Jones (qui, à trente-trois ans, est un peu trop vieille pour le rôle) n’est pas sans rapper celle du VII. Et il y a dans la composition de la troupe qui l’entoure une diversité un peu trop parfaite (un Mexicain, un Chinois, un Britannique d’origine pakistanaise) pour ne pas être suspecte d’avoir été soigneusement calibrée pour séduire tous les publics.

Bref, le plaisir pris par le spectateur à ce film ne devient qu’un élément, parmi bien d’autres, d’un business plan aussi complexe que la machinerie de l’Étoile de la mort.

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Cigarettes et chocolat chaud ★★☆☆

Denis Patar élève seul ses deux filles, Janin et Mercredi, depuis le décès de leur mère. Bohême, mais vraiment pas bourgeois, il doit exercer deux boulots, le jour dans une jardinerie, la nuit dans un sex-shop, pour joindre les deux bouts. Lorsqu’il oublie une fois de trop ses enfants à l’école, la police transmet son dossier à la protection de l’enfance. Il est convoqué à un stage d’apprentissage parentale. S’il ne le suit pas avec succès, ses filles seront placées en famille d’accueil.

« Cigarettes et chocolat chaud » a deux qualités et un énorme défaut.

Commençons par l’énorme défaut : ce scénario de téléfilm mièvre qui nous annonce, dès sa lecture, l’enchaînement de scènes convenues. Le joyeux bordel de la famille Patar. La convocation devant l’assistante sociale, moins méchante qu’elle n’essaie de s’en donner l’air. Le stage débile où l’administration tente d’apprendre à des parents débordés leur boulot. La conclusion prévisible où le père aimant réussira à démontrer à une administration obtuse le bien-fondé de ses méthodes pédagogiques …. et à emballer la jolie assistance sociale.

Mais soulignons les deux qualités de ce « Captain Fantastic » à la française.

La tendresse et la cocasserie des situations et des personnages. Dans la même scène, on passe du rire aux larmes. On rit et on pleure de l’espièglerie de ces enfants et de leur tristesse rentrée face à la mort de leur mère. Que celui qui n’a pas versé une larme lors de l’éloge funèbre du cochon d’inde (Ziggy 7) se dénonce immédiatement !

L’interprétation de Gustave Kervern, qui creuse son sillon, de films absurdes co-réalisés avec Benoît Delépine (« Avida », « Aaltra »), en comédies tristes, où sa silhouette de gros nounours aux cheveux en pétard fait merveille (« Dans la cour » avec Catherine Deneuve).

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Personal Shopper ★☆☆☆

Maureen et  son frère jumeau Lewis étaient mediums et s’étaient promis, si l’un des deux mouraient avant l’autre, de s’envoyer un signe de l’au-delà. Lewis est mort depuis trois mois. Maureen vit à Paris et attend de lui le signe promis. Elle travaille comme personal shopper : elle achète dans des boutiques de luxe les robes extravagantes qu’une diva porte dans les soirées les plus huppées.

Sils Maria 2. Il y a deux ans, Olivier Assayas réalisait « Sils Maria », l’histoire d’une star (Juliette Binoche) et de son assistante personnelle (Kristen Stewart). Dans « Personal shopper », la star disparaît, laissant à l’assistante toute la scène.

De quoi parle exactement « Personal shopper » ? De la mode et de ses dessous pas toujours reluisants – comme dans « The Neon Demon » de Nicolas Winding Refn ? De spiritisme et de l’impossibilité de filmer les esprits comme dans « Planétarium » de Rebecca Slotowski ? Du deuil et de la nécessité d’oublier pour vivre comme dans « Ce sentiment de l’été » de Mikhaël Hers ? De tout cela ou, faute de traiter ces thèmes, « Personal shopper » se réduit-il à un banal thriller où un mystérieux psychopathe harcèle une innocente jeune fille à coup de textos anonymes ?

Pendant près de deux heures, on voit Kristen Stewart faire la gueule et porter le deuil de son frère, les épaules rentrées, la mine blafarde, les cheveux gras. On a connu spectacle plus divertissant…

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Manchester by the sea ★★★☆

Lee Chandler (Casey Affleck) est rappelé à son passé quand son frère, Joe, décède. Il doit revenir à Manchester où il vivait jadis avec sa femme et ses deux enfants. La tutelle de son neveu, Patrick, seize ans, lui est confiée.

Peut-on jamais se libérer de son passé ? Casey Affleck porte sur ses épaules toute la tristesse du monde. Les premières images du film le voient dans son travail de  concierge d’un immeuble miteux dans une banlieue pauvre de Boston. On comprend qu’il est ailleurs et qu’il travaille pour oublier, pour s’oublier. Mais le passé a tôt fait de le rattraper. Par un retour dans cette petite ville portuaire, qui est probablement pimpante l’été venu, mais que Kenneth Lonergan a la bonne idée de filmer à la morte saison, blanche et bleue. Par des flashback, de plus en plus nombreux, de plus en plus longs, qui nous éclairent sur son passé.

Joe, le frère de Lee est mort. Mais là n’est pas vraiment le problème. Quasiment personne ne le pleure. Pas sa femme qui a disparu depuis longtemps. Pas Lee qui a d’autres chagrins plus écrasants sur le cœur. Pas Patrick, son fils qui mène la vie heureuse d’un ado équilibré : coqueluche des filles, leader d’un groupe de rock, passionné de hockey et de pêche.

Le nœud du film est ailleurs. Dans le passé de Lee. On n’en dira pas plus, sinon qu’on a bientôt l’intuition de ce dont il retourne. Le film l’explicite très vite, dans une longue séquence au son de l’adagio d’Albinoni. Une fois ce secret dévoilé, « Manchester by the sea » perd un peu de son mystère et de son intérêt.

À ce stade, on aurait pu redouter que le parcours de Lee se résume à sa lente et prévisible convalescence – comme Jake Gyllenhaal dans le récent « Demolition ». Le scénario ne succombe pas à cette facilité. Même si le film aurait pu être amputée de trente bonne minutes sans en souffrir, sa fin est belle et triste. Comme ce film de saison, qu’il faut voir en hiver, quand la météo froide et pluvieuse est au diapason des personnages et de leurs sentiments.

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La Mort de Louis XIV ☆☆☆☆

Louis XIV se meurt. Louis XIV va mourir. Louis XIV meurt.

Résumer le film d’Albert Serra n’est pas bien difficile. Car on y assiste pendant près de deux heures à l’agonie du roi de France. On ne sort pas de sa chambre. On n’apprend rien de ce qui se joue probablement en coulisses : les peurs des tenants du régime qui craignent pour leur place, les espoirs des autres qui attendent avec espérance que les cartes du pouvoir soient rebattues.

Il y aurait eu un film passionnant à réaliser sur les jeux de pouvoirs qui se nouent pendant l’agonie d’un monarque. Mais tel n’est pas le parti retenu par le réalisateur catalan qui choisit de s’en tenir à son seul sujet : le roi, de tous les plans qui, sans trop s’en plaindre, se laisse lentement glisser vers la mort. On aurait imaginé le monarque plus acrimonieux. Joué avec une étonnante retenue par Jean-Pierre Léaud – qu’on connaît pourtant plus nerveux – il est étonnamment placide.

Autour de lui quelques personnages s’activent. Son médecin dont les erreurs de diagnostic révèlent autant les limites de la médecine de l’époque que le charlatanisme de l’intéressé. Son premier domestique indéfectiblement loyal à son maître. La Maintenon toute de noir vêtue. Le jeune Louis XV, âgé de cinq ans à peine, bientôt propulsé sur le trône.

Pendant une heure et cinquante cinq minutes, on reste confiné dans cette chambre pourpre à l’odeur irrespirable. Pas un répit dans cette longue agonie dont on connaît déjà l’issue. Certaines critiques ont crié au génie ; moi, je crie au secours !

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La Fille de Brest ★★☆☆

Le Mediator était un coupe-faim destiné aux diabétiques en surpoids. Commercialisé en France par les laboratoires Servier depuis 1976, il provoque des complications cardiaques susceptibles d’entraîner la mort. Irène Frachon, pneumologue au CHU de Brest, est la première à avoir dénoncé les dangers de ce médicament. Adapté de son autobiographie, ce film raconte son histoire.

« La Fille de Brest » ne s’intitule pas « Le Scandale du Mediator ». Et c’est bien le problème du film d’Emmanuelle Bercot qu’on avait connue plus inspirée dans « La tTte haute » (avec Benoît Magimel déjà et Catherine Deneuve). Ce titre annonce un déplacement de focale.

C’est à Irène Frachon qu’on va s’attacher, à cette « fille de Brest » qui n’est ni une chercheuse, ni une cardiologue et pas même une parisienne et qui, tel David contre Goliath, va démontrer aux instances de pharmacovigilance leur myopie et aux laboratoires leur cynisme. Et pas au scandale du Mediator proprement dit, dont la présentation détaillée des arcanes médicales, administratives et judiciaires auraient sans doute été trop démonstrative.

Mais le problème est que le film reste entre deux eaux. L’image donnée de Irène Franchon, interprétée avec une communicative énergie par la danoise Sidse Babett Knudsen (lumineuse dans « L’Hermine ») est caricaturale : une passionaria qui réussit, à force de volonté, à déplacer des montagnes. À de trop rares moments, notamment dans sa confrontation avec un collègue (joué par Benoît Magimel en surcharge pondérale) pointent les failles du personnage, son obsession, son narcissisme.

Quant au scandale du Mediator, on n’en apprend guère plus qu’on en savait déjà … et pas assez pour être capable de rédiger cette chronique sans être allé au préalable faire un tour sur Wikipedia.

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Alliés ★★☆☆

J’ai lu et entendu tant de mal de « Alliés » que j’ai bien failli me laisser décourager d’aller le voir. Sans doute si on le compare à l’incomparable « Casablanca » – avec lequel il a la maladresse de vouloir se frotter – sera-t-on nécessairement déçu. Mais si on le prend pour ce qu’il est, soit un honnête film à grand spectacle hollywoodien, pourra-t-on le goûter sans déplaisir.

L’histoire de « Alliés » est bizarrement coupée en deux. À une époque où les réalisateurs rythment leur scénario à coup de flash back et de flash forward au risque d’y égarer le spectateur (voir récemment « La Fille du train » ou « Premier contact »), Robert Zemeckis suit son bonhomme de chemin gentiment chronologique.

La première partie du film se déroule à Casablanca. Deux espions, un Canadien (Brad Pitt) et une Française (Marion Cotillard), se font passer pour un couple marié afin d’infiltrer la Kommandantur et d’assassiner l’ambassadeur allemand. On se croirait dans un « Indiana Jones » mâtiné de « Patient anglais » : décors de cartons pâtes, toilettes somptueuses, amours romantiques, fusillades et héros victorieux.

Tout change dans la seconde partie. Elle se déroule à Londres, sous la pluie, pendant le Blitz. Les deux espions ont si bien joué leur rôle qu’ils se sont épris l’un de l’autre, se sont mariés, ont eu un enfant… jusqu’au jour où le contre-espionnage britannique annonce au beau Canadien que son épouse travaille peut-être pour l’ennemi.

Cette seconde partie est plus faiblarde que la première. Parce que Robert Zemeckis n’est pas John Le Carré et « Alliés » n’a pas la complexité de « La Taupe ». Le scénario s’appauvrit dans un dilemme binaire : Marianne Beauséjour pourra-t-elle être purgée par son époux aimant des soupçons qui pèsent contre elle ? Le dénouement donne la réponse, trop simple, à cette question. L’épilogue qui prolonge cette fin téléphonée n’en est pas moins très émouvant.

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Sausage Party ★★★☆

« Objets inanimés avez-vous donc une âme. Qui s’attache à notre âme et la force d’aimer ? ». Pas sûr que les gais lurons qui ont concocté « Sausage party » et donné la parole aux aliments d’un supermarché soient des admirateurs de Lamartine. Mais bon… ce n’est pas ce qu’on leur demande. Et j’avais envie d’étaler ma culture !

On imagine volontiers ces joyeux drilles pétés comme des coings concocter le dessin animé le plus subversif possible :
« Et si le héros était une saucisse en forme de pénis ? »
« Et s’il rêvait de fourrer un petit pain à sandwich bien moelleux »
« Et si le méchant était une poire à lavement vaginal ? »
« Arrête de déconner ! Aucun producteur ne financera jamais un délire pareil ! »
« Pas grave ! On va le financer nous-mêmes parce qu’on est les potes de Seth Rogen et qu’on s’est déjà fait plein de thunes dans les films de Judd Appatow ! »

Quelques années après cette soirée éméchée, « Sausage party » arrive sur les écrans. Et le plus étonnant est que rien du délire initial n’a été édulcoré. Toutes les valeurs américaines les plus sacrées, sur lesquelles Pixar bâtit ses meilleurs films, sont foulées au pied. Les sujets les plus graves sont traitées avec une dérision trash : le conflit israélo-palestinien, la drogue, l’obésité… Beaucoup plus réussi que « American Pie »  qui, sous des airs faussement subversifs, versait irrésistiblement dans la bienpensance, « Sausage Party » parvient à être politiquement incorrect jusqu’à sa scène finale qui vous fera hurler de rire – ou vous étouffer d’indignation !

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Sully ★★☆☆

Le 15 janvier 2009, le capitaine Sullenberger fait amerrir sur l’Hudson le vol 11549 de la US Airways dont les deux réacteurs venaient d’être détruits à basse altitude par un vol de bernaches. Les cent cinquante passagers immédiatement sauvés de la noyade sont tous sains et saufs.

Clint Eastwood met en scène le « miracle de l’Hudson ». Un miracle qui doit beaucoup à la chance, mais qui doit surtout à l’expérience et au sang-froid du capitaine Sullenberger.

« Sully » rencontre une difficulté qu’il ne surmonte pas. Le drame proprement dit, ces deux cent huit secondes entre la destruction des moteurs et l’amerrissage en urgence, en constitue le cœur. Mais il est trop bref pour tenir la durée d’un film. Aussi le scénariste de « Sully » a-t-il recours à un subterfuge : il raconte le procès paradoxal de ce héros, attaqué par la Sécurité aérienne, Airbus et US Airways qui lui reprochent de ne pas avoir fait demi-tour pour atterrir à son point de départ, l’aéroport La Guardia. Ce procès fait à un héros est à la fois vain et inintéressant. Autrement plus palpitant est le drame proprement dit qui nous est raconté à trois reprises et qui, par trois fois, nous cloue à notre siège.

Avec « Sully », Tom Hanks joue une fois encore le rôle de l’Américain moyen, héroïque malgré lui. Il confirme si besoin en était son statut d’immense star – l’acteur américain ayant généré le plus de recettes si l’on en croit Wikipedia.

On le compare souvent à James Stewart ou à Gary Cooper. Mais on peut pointer une différence de taille avec ses illustres prédécesseurs. Les stars des années 50 ne tenaient pas seul le haut de l’affiche. Ils la partageaient avec une star féminine : Kim Nowak, Grace Kelly, Katherine Hepburn… Regardez les affiches des films de Tom Hanks. Il y est toujours seul : « Sully », « Le Pont des Espions », « Captain Phillips », « Seul au monde » (certes !), « La Ligne verte », « Forrest Gump » … Aucun partenaire masculin. Et plus intéressant encore : aucun partenaire féminin. Si j’étais féministe, cette observation me dirait bien des choses sur notre époque.

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Baccalauréat ★★★☆

Eliza fait la fierté de Romeo, son père. Elle se prépare à quitter la Roumanie pour aller suivre des études supérieures à Londres. Mais à la veille de passer le baccalauréat, elle est victime d’une agression. Si elle ne se présente pas à son examen, si elle n’y obtient pas de notes suffisantes, ce sont tous ses espoirs et ceux de son père qui s’effondrent. Une solution existe toutefois. Mais elle suppose que Romeo et Eliza fassent taire leurs scrupules.

Depuis une dizaine d’années, les réalisateurs roumains dressent de leur pays un tableau sinistre. Cristian Mungiu est le plus célèbre grâce à la notoriété que lui a conférée sa Palme d’or cannoise pour « 4 mois, 3 semaines, 2 jours » sans doute l’un des films les plus bouleversants de ces dix dernières années. Mais il n’est pas le seul. Rien qu’en 2016, on a vu « Illégitime » de Adien Sitaru ou « Sieranevada » de Cristi Puiu. Le premier est un coup de cœur, le second un coup de gueule ; mais l’un comme l’autre sont remarquables par leur âpreté. Il y a un article à écrire sur la Roumanie au prisme de son cinéma où il faudrait évoquer aussi l’image que donne de la Roumanie des réalisateurs étrangers telle que l’Allemande Maren Ade, la réalisatrice de Toni Erdman.

Cristian Mungiu réalise son troisième film en dix ans seulement. On y retrouve les mêmes qualités que dans « 4 mois… ». Une critique au scalpel de la société roumaine. Mais une critique jamais simpliste. Rarement aura été décrit avec autant de finesse le processus par lequel des relations de corruption se nouent. Il suffit d’une vie dure, de règles administratives obscures et idiotes… et d’une solidarité un peu trop envahissante. « J’ai besoin d’un petit service que tu as la gentillesse de me rendre et pour lequel je te serai ultérieurement redevable ». Rien de plus. Rien de moins aussi. Car tout se paie comme Romeo en fera la douloureuse expérience.

Le film le décrit pris au piège de ses petites compromissions. Il a peut-être le défaut de le laisser au milieu du gué, sans dénouer tous les fils de l’intrigue qu’il a tissés. L’aurait-il fait, il aurait encouru la critique d’être trop didactique. Ne le blâmons pas pour cela.

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