Sage-femme ★☆☆☆

Claire est sage-femme en banlieue parisienne. Elle reçoit un appel de Béatrice, l’amante fantasque qui, près de quarante plus tôt, avait brisé le cœur de son père. Béatrice, atteinte d’une tumeur cancéreuse au cerveau, ignore que le père de Claire s’est suicidé après son départ.

Le dernier film de Martin Provost (réalisateur du pluri-césarisé « Séraphine » en 2009) rappelle ceux de Sautet : une histoire bien française de famille, de maîtresse, de regard jeté en arrière sur une vie bien remplie et pourtant trop tôt achevée. C’est ce qui en fait le charme. C’est aussi ce qui en constitue la limite.

Car Martin Provost tourne en 2016 comme on aurait tourné quarante ans plus tôt. Avec certes autant de sensibilité. Mais avec guère plus de talent.

Pour filmer cette histoire intemporelle, il fait appel à deux monstres sacrés du cinéma français. A soixante-dix ans passés, Catherine Deneuve est parfaite dans le rôle d’une flamboyante maîtresse au crépuscule de sa vie, condamnée à squatter les appartements de ses anciens amants et à gagner aux cartes l’argent qui lui brûle les doigts. Pourtant, notre star nationale n’a pas si bien vieilli. Le botox se voit sur son visage, les kilos en trop aussi.

L’autre Catherine est censée jouer le rôle d’une femme de quarante neuf ans. Elle en a dix de plus. Claire est, dans le film, une femme sage autant qu’une sage-femme. Un modèle d’abnégation qui a perdu son père dans sa prime adolescence et qui ne s’est jamais entendue avec sa mère. Mère d’un fils sans père, elle est à cet instant de sa vie où son enfant va quitter le cocon familial et la laisser seule. Aussi excellente soit-elle, Catherine Frot n’était pas la meilleure pour ce rôle qui l’oblige à mettre sous l’éteignoir la petite graine de folie dont elle égaie ses interprétations.

Comme on s’y attend, les deux femmes se rencontrent, s’observent, se rapprochent. Les ennemies deviendront complices. Claire, qui ne boit ni ne fume, va s’encanailler. La rencontre de Paul, un routier philosophe, n’y sera pas étrangère. Là encore : rien à redire à l’interprétation aux petits oignons du toujours parfait Olivier Gourmet. Sauf que ce personnage masculin vient déséquilibrer un duo dont la densité dramaturgique ne suffisait pas à tenir la durée d’un film.

Que dire enfin de la lourde métaphore de la maternité, de l’accouchement, de la transmission (entre Béatrice, la femme sans fille, et Claire, la fille sans mère) ? Sur un mode quasi-documentaire, on voir un accouchement. Un deuxième. Un troisième. Un quatrième. C’est beaucoup.

La bande-annonce

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