Problemos ★★★☆

Sur le chemin des vacances, Victor (Eric Judor) a accepté, non sans réticence, de rendre visite au professeur de yoga de sa femme qui s’est installé au bord d’une rivière pour y faire obstacle à un projet de parc aquatique. Amusé et moqueur, il découvre les us et coutumes d’une communauté zadiste, écolo et baba-cool. Quand une mystérieuse pandémie dévaste la planète, laissant seuls au monde cette petite bande de pied nickelés, il n’a d’autre choix que de s’y installer à demeure.

Dans la lignée des Nuls, l’humour transgressif de Eric (Judor) et Ramzy (Bédia) fait des ravages. Après le succès de La Tour Montparnasse infernale (et de sa dispensable suite La Tour de contrôle infernale), l’humoriste poursuit, à la télévision (la série Platane sur Canal +) et au cinéma, sa carrière en solo.

Il prend pour cible dans sa dernière comédie les mouvements écologistes radicaux qui, de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes au barrage de Sivens, se mobilisent pour empêcher la construction d’équipements dont ils contestent l’opportunité. C’est l’occasion de quelques sketchs régressifs et hilarants sur les faux shamans, les chants révolutionnaires espagnols, les enfants asexués – pour ne pas les enfermer dès leur naissance dans un genre qui ne serait pas le leur – et les ateliers de parole sur les menstrues. L’exercice est si réussi qu’on s’étonne que la veine comique de ce milieu n’ait pas été exploitée plus tôt – l’écologisme radical n’est traité que de façon secondaire et sur un mode plus noir dans Le Grand Jeu de Nicolas Parisier et L’Avenir de Mia Hansen-Love. Est-ce à dire qu’Eric Judor est politiquement incorrect ? Pas si sûr. Il le serait plus – et provoquerait un tollé que Problemos n’a pas suscité – s’il prenait pour cible par exemple la religion, l’homosexualité ou le handicap.

Pour donner de la chair à ce qui n’aurait pu constituer qu’une succession de saynètes, la comédienne de one-man show Blanche Gardin, qui a co-signé le scénario et qui interprète le rôle de Gaya, une zadiste féministe, a imaginé un scenario de fin du monde. Le ressort est riche de potentialités : on pense à Ravage de Barjavel, à La Route de McCarthy, au Sa Majesté des mouches de Golding voire au Robinson de Defoe ou de Tournier. Manifestement ces références embarrassantes ont intimidé les auteurs de Problemos. Ils ébauchent à peine la question des hiérarchies et des inégalités qui se recréent inévitablement au sein de la communauté. Mais, assez maladroitement, ils s’arrêtent au milieu du gué, concluant leur propos par une pirouette. Dans l’espoir d’une suite possible ?

La bande-annonce

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