Suntan ★★★☆

Kostis est en pleine crise de la quarantaine (lui aussi !). Il accepte un travail de médecin dans une île perdue des Cyclades. Il s’y ennuie ferme pendant tout l’hiver avant qu’arrivent l’été, son lot de touristes et de « chattes en chaleur » (sic). Le docteur soigne dans son cabinet Anna. Il suit ses amis à la plage, au camping, en boîte. Il couche même avec Anna mais les sentiments vite obsessionnels qu’ils éprouvent pour elle ne sont pas partagés.

L’Année des Méduses 2016.En 1984, Valérie Kaprisky faisait scandale dans le film de Christopher Frank en draguant, seins nus, à Saint-Tropez des hommes mariés. La société a bien changé. Les lolitas dévergondées ne choquent plus personne. Dans Paradis : Amour, Ulrich Seidl décrivait une quinquagénaire autrichienne achetant sur la côte kényane les services tarifés d’un bel éphèbe noir. Ce sont les mêmes mécanismes qui sont à l’œuvre entre Kostis et Anna, si ce n’est que l’argent ne permet pas à l’offre et à la demande de sexe de se rencontrer. D’un côté un nounours bedonnant désespérément en manque d’amour ; de l’autre une jeune fille de son temps qui a décidé de « s’éclater » avec ses copains sans penser à mal.

Houellebecq en Grèce. Bien qu’il ne soit pas crédité au générique, le romancier français a inspiré le film de Argyris Papadimitropoulos. Notamment Extension du domaine de la lutte qui mettait en scène un quarantenaire pathétique en quête d’amour et de sexe et, plus encore, Plateforme, où Houellebecq théorisait l’inégalité dans l’accès des individus au sexe, fonction quasi-linéaire de l’âge du physique et du revenu.

Tout le film est tourné à travers les yeux de Kostis et documente avec masochisme sa lente descente aux enfers. Sans doute, dans un premier temps partage-t-on sa joie à rencontrer Anna, son émotion à découvrir son corps nu, son excitation à lui faire – trop brièvement – l’amour sur une plage déserte. Mais le bonheur est de courte durée. L’attirance de Kostis pour Anna est obsessionnelle. Le film se construit dans sa seconde partie sur le décalage entre le spectateur, qui a compris immédiatement que les efforts de Kostis sont ridicules, et Kostis qui s’entête morbidement malgré les rebuffades de moins en moins diplomatiques. On se demande jusqu’où cette attirance malsaine le conduira. La dernière scène du film n’est pas la plus mauvaise qui laisse la question ouverte.

La bande-annonce

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