Lumières d’été ★☆☆☆

Akihiro est un réalisateur japonais venu tourner à Hiroshima pour la télévision française un documentaire à l’occasion du soixantième-anniversaire de l’explosion de la bombe atomique. Après l’interview particulièrement éprouvante d’une survivante, il se promène dans la ville et y rencontre une jeune fille au charme surannée. Elle l’entraîne dans une longue errance jusqu’au bord de la mer où leurs pas croisent ceux d’un vieil homme et de son petit fils.

Quelles traces laisse un événement historique aussi dramatique que la première explosion atomique et sa centaine de milliers de victimes ? Nous condamne-t-il à un révérencieux devoir de mémoire ? Nous autorise-t-il à continuer à vivre ? Autant de questions profondes que prend à bras-le-corps le documentariste français Jean-Gabriel Périot. Il aurait pu le faire sous la forme d’un documentaire – à l’instar du chercheur Barthélémy Courmont qui, dans son autobiographie Mémoires d’un champignon (Lemieux Editeur, 2016) raconte le traumatisme qu’il a subi à l’occasion de sa visite dans la ville martyre et l’effet déterminant qu’il eut sur sa carrière universitaire. L’auteur du très réussi Une jeunesse allemande aurait pu installer sa caméra outre-Rhin, à Auschwitz ou à Berlin.

Il choisit l’exotisme radical de l’archipel nippon. Et il a la bonne idée, pour nous faire sentir cette distance radicale, de donner à un acteur japonais parfaitement francophone le premier rôle.

La première séquence du film est particulièrement éprouvante. Elle ne dure pas moins d’une vingtaine de minutes. C’est une longue interview d’une Hibakusha, une survivante de l’apocalypse nucléaire. Quand le réalisateur sort de la salle d’enregistrement et se promène dans le parc ensoleillé construit en plein centre ville sous l’épicentre de l’explosion, le spectateur et lui retrouvent une respiration régulière. Et la longue balade qu’il effectue en galante compagnie constitue une parenthèse enchantée. On pense à Rohmer ou à Ozu. Au Conte d’été du premier pour le raffinement un peu snob des dialogues. Au Dernier caprice du second pour la réunion familiale décrite dans le dernier tiers du film.

On comprend des deux films que compte Lumières d’été – le témoignage poignant de la survivante, la longue balade en bord de mer du documentariste – que leur juxtaposition est précisément son sujet : la vie, toujours, continue. Mais cette juxtaposition aurait gagné à être plus travaillée. Car passée l’émotion suscitée par le témoignage de cette vieille femme courageuse, on se laisse lentement amollir dans une promenade languissante dont on perd de vue le lien qu’elle est censée entretenir avec la première séquence du film.

La bande-annonce

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *