Money ★★★☆

Alexandra (Charlotte Van Bervesselès), son frère Eric (Vincent Rottiers) et son amoureux Danis (George Babluani) vivotent au Havre et rêvent d’une vie meilleure. Ils croient pouvoir y accéder en dérobant à un notable local (Louis-Do de Lencquesaing) une valise remplie de billets de banque. Mais leur larcin entraîne une réaction en chaîne qui risque de les broyer.

L’affiche de Money est doublement trompeuse. D’une part, sa couleur, le rouge, annonce une histoire riche en hémoglobine, sur les traces du précédent film du réalisateur franco-géorgien Gela Babluani 13 (Tzameti). Or, Money est un film noir dans lequel le sang ne coule guère. D’autre part, ses trois héros pris dans le nœud coulant d’une corde qui menace de se tendre font trop penser aux héros naïfs et positifs qui découvrent par hasard un magot alors que Alexandra, Eric et Danis sont des petites frappes pas si honnêtes que cela.

Il aurait fallu une affiche plus réaliste, un titre moins clinquant pour faire connaitre ce petit film noir qui ne manque pas de caractère.
Certes, son scénario est particulièrement rocambolesque. Alexandra est serveuse dans un restoroute minable où l’édile havrais et une bande de mafiosi corses se donnent rendez-vous pour conclure un pacte de corruption. Ayant repéré la valise, Alexandra saute dansa sa vieille voiture, file celle du politicien véreux, pénètre dans sa riche propriété et l’y découvre… sur le point de se pendre (d’où peut-être la subtile présence d’une corde sur l’affiche ci-dessus).

Ainsi racontée, l’intrigue manque passablement de crédibilité. On se demande comment le scénariste va s’en dépêtrer. Et on admire son habileté à le faire. Mieux : on est surpris du tour que prend l’histoire, évitant de s’engager dans la direction où on l’attendait, acceptant de sacrifier un des personnages principaux (je vous mets au défi de deviner lequel) et se concluant par une scène qui, si on la réduit à son dernier plan, pourrait sembler totalement loufoque alors qu’elle fonction très bien.

C’est qu’outre son scénario bien huilé, Money a un second atout de poids : l’interprétation de ses acteurs : Louis-Do de Lencquesaing en salaud haïssable, Benoît Magimel en nettoyeur fatigué et surtout Vincent Rottiers – qu’on a vu cette même semaine dans Espèces menacées – qui confirme tout le bien que ses précédentes apparitions laissaient augurer de son jeu racé.

La bande-annonce

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