Barry Seal ★☆☆☆

Dans les années quatre vingts, un pilote d’avion, Barry Seal, est employé par la CIA pour photographier les camps des guérillas marxistes d’Amérique centrale. Son audace le fait remarquer par les cartels colombiens qui lui demandent de transporter de la cocaïne en contrebande vers les États-Unis. La CIA, loin de s’en formaliser, l’utilisera pour apporter de l’aide aux contras nicaraguayens.

Hollywood aime les histoires incroyables. Pas besoin de les imaginer : la réalité en regorge. On voit depuis quelques années se multiplier à Hollywood ces films « inspiré(s) de faits réels » qui retracent, sur un mode mi-cocasse, mi-sérieux, les pages glorieuses ou moins glorieuses de l’histoire américaine contemporaine. La Guerre selon Charlie Wilson montre le rôle joué par un extravagant parlementaire texan dans le soutien américain aux moudjahidin afghans en guerre contre l’envahisseur soviétique. American Bluff met en scène des arnaqueurs recrutés par le FBI pour piéger des maffieux. Infiltrator s’inspire de l’autobiographie d’un agent fédéral infiltré dans le cartel de Medellin. War Dogs a pour héros deux trafiquants d’armes qui approvisionnent l’armée d’occupation américaine en Irak.

Ces films ont beaucoup de traits communs. Pour le meilleur et pour le pire. Ils ont pour héros un Américain « moyen » qui profite des failles du système pour le pervertir. Ils racontent son ascension délirante et sa chute vertigineuse. Ils sont le reflet d’une époque (les 70ies pour American Bluff et leurs pantalons pat d’eph, les 80ies pour Barry Seal et leurs coiffures ébouriffantes).
Cette légitimation quasi-automatique par la « réalité » constitue moins une force qu’une faiblesse. Car elle place ces films dans un entre-deux inconfortable. Prenez Barry Seal qui essaie de nous faire comprendre la trouble politique de Reagan en Amérique centrale. Cet effort louable de pédagogie n’atteint pas son but. On ne comprend pas grand chose à un arrière-plan géopolitique qui aurait, à lui seul, exigé de plus amples développements. Le fait que le personnage de Barry Seal ait réellement existé ne lui donne pas pour autant une plus grande présence cinématographique. Tom Cruise accroît cet effet de déréalisation : la star hollywoodienne est trop sexy, trop souriante, trop sportive pour rendre crédible ce personnage soi-disant « réel » – qui en fait était un petit gros bedonnant qui ressemblait plus au héros des Sopranos qu’à celui de Mission impossible.

La bande-annonce

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *