Au revoir là-haut ★★★☆

L’avant-veille de l’armistice, Édouard Péricourt (Nahuel Perez Biscayart) et Albert Maillard (Albert Dupontel) manquent mourir au front lors d’un assaut suicidaire décidé par un lieutenant irresponsable (Laurent Lafitte). Le drame rapproche les deux troufions. Le premier, dessinateur et sculpteur de génie parti à la guerre pour fuir un père autoritaire, a tout le bas du visage emporté par une blessure d’obus. Le second, ex-comptable en rupture de ban, lui voue une indéfectible admiration et accepte de lui prêter main forte dans une escroquerie aux monuments aux morts.

Pari réussi pour Albert Dupontel. Le best-seller de Pierre Lemaître, Prix Goncourt 2013, était pain béni pour le cinéma. Déjà à sa sortie, je m’étais amusé à imaginer le casting de son adaptation. Dans le rôle d’Édouard, j’imaginais le flamboyant Louis Garrel. Dans celui d’Albert un brave bougre comme Clovis Cornillac ou Gregory Gadebois. Dans celui du père d’Édouard j’aurais bien vu Philippe Noiret – s’il avait été encore en vie. Dans celui de sa sœur, Sandrine Kiberlain ou Emmanuelle Devos. Dans celui de la bonne – dont Albert tombera amoureux – Charlotte Le Bon.

Aussi pertinentes que fussent mes suggestions, j’avais raté l’essentiel : Albert Dupontel. Tant dans le rôle d’Albert qu’en tant que réalisateur, sa présence a la force de l’évidence. Cet acteur hors norme d’une débordante énergie, ce réalisateur et d’un poignant humanisme s’imposait pour adapter Pierre Lemaître. Il avait beaucoup à y perdre : Au revoir là-haut fut un tel succès de librairie que son adaptation cinématographique était condamnée à la réussite.

Il n’a pas lésiné sur les moyens reconstituant avec luxe les batailles de la Première guerre mondiale (la scène d’ouverture n’a rien à envier à Un long dimanche de fiançailles ou à Cheval de guerre) et le Paris des années folles. On retrouve derrière la caméra la même ironie grinçante que dans le roman, la même galerie de personnages tous plus truculents les uns que les autres et surtout le rythme trépidant du récit qu’on ne lâchait pas durant plus de cinq cent pages et qui nous tient en haleine pendant près de deux heures de rang. Seul bémol : je me souvenais d’un dénouement terriblement cinématographique où tous les fils de l’histoire, tous les personnages se retrouvaient alors que Dupontel a fait le choix discutable de l’éclater au risque de l’affadir.

La bande-annonce

Un commentaire sur “Au revoir là-haut ★★★☆

  1. Vous oubliez la beauté fascinante des décors et des accessoires, notamment des différents masques. Je n’en reviens pas encore de la fascination qu’ils ont exercée sur moi ainsi que de leur expressivité !

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