Braguino ★★☆☆

Braguino est le nom d’un minuscule campement au cœur de la taïga sibérienne en amont du fleuve Ienissei fondé par le clan Braguine. Une autre famille est venue s’y installer, les Kiline. Entre les deux , une haine sourde prévaut.

Clément Cogitore est un jeune réalisateur français qui s’est fait connaître par un premier film couturé de défauts et rempli de bonnes idées Entre le ciel et la terre. Il revient sur les écrans avec un documentaire de cinquante minutes seulement. Il est allé le tourner au bout du bout du monde, à plus de sept cent kilomètres de la première terre habitée. Pourtant, son film ne porte pas les traces des difficultés de sa réalisation. On voit simplement une rivière et, sur ses bords, quelques cabanes et une population d’adultes et d’enfants d’une blondeur hyperboréenne.

On pourrait croire que Braguino a pour thème la recherche d’un monde vierge, préservé des tares de la civilisation. Son affiche nous le laisse penser qui renvoie à une iconographie de conte de fées avec des enfants et un chien-loup photographiés au bord d’un plan d’eau qui baigne dans une lumière surnaturelle.

Mais le vrai sujet de Braguino est ailleurs. Dans la découverte effrayante d’une violence pré-hobbesienne qui oppose les Braguine à leurs voisins. Des Kiline on ne saura rien sinon ce que nous en disent les Braguine et ce qu’en montrent quelques plans volés au téléobjectif. Ils ressemblent à leurs voisins si l’on en croit les mines de leurs enfants qui s’approchent de la rivière quand y passe le canot des Braguine. Cette quasi-gémellité loin de les rendre plus rassurants en font des menaces plus effrayantes encore.

Le moyen-métrage de Clément Cogitore dure cinquante minutes à peine. Il décrit une situation potentiellement explosive, fait monter la tension… et s’arrête. Honnêteté du documentariste qui n’a pas voulu filmer une violence qui ne s’est pas déchaînée ? Ou rouerie sadique du scénariste conscient de l’efficacité de son procédé ? Toujours est-il que ce point d’orgue frustrant combiné au format inhabituel de ce moyen-métrage m’ont doublement laissé sur ma faim.

La bande-annonce

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *