Ariane ★★★★

Ariane Chavasse (Audrey Hepburn plus juvénile que jamais) étudie le violoncelle au Conservatoire et partage un petit appartement sous les toits de Paris avec son père veuf. Claude Chavasse (Maurice Chevalier et son accent so frenchie) exerce la profession de détective privé. Il traque au Ritz Franck Flannagan un richissime américain (Gary Cooper et ses cheveux blancs si séduisants) qui y collectionne les conquêtes. Un mari trompé, renseigné par Chavasse, veut se venger de Flannagan ; mais Ariane décide de s’interposer.

Il est des chefs d’œuvre qui ont bien mal vieilli. J’avoue, toute révérence due, m’être copieusement rasé devant certains films de Douglas Sirk, de Raoul Walsh ou même de Howard Hawks. Il en est d’autres qui n’ont pas pris une ride. Ariane est de ceux là.

Ariane est un conte comme Lubitsch aimait les filmer – tandis que Wilder en signait avant-guerre les scénarios. Tout y est léger, drôle, pétillant comme des bulles de champagne. Mais la futilité n’y est qu’apparente, forme suprême d’une élégance qui ne veut pas alourdir sa démonstration.

Ariane parle d’amour – et d’amour entre deux êtres dont la différence d’âge fit scandale en 1957. D’ailleurs Clark Gable refusa le rôle car il estimait que cette différence rendait peu crédible la romance entre les deux personnages.

Où parler d’amour sinon à Paris ? « In Paris people eat better, and in Paris people make love, well, perhaps not better, but certainly more  » Quelques tableaux suffisent à en poser le cadre dans une introduction qui surpasse toutes les campagnes de publicité jamais conçues par l’Office de tourisme de la capitale. Tourné dans les décors de Alexandre Trauner, Ariane est une ode à la vie parisienne, à la beauté de ses femmes, à la liberté de ses mœurs. Autant de caricatures désuètes et d’ailleurs passées de mode – sinon dans quelques films de Woody Allen – mais qui suscitent chez le spectateur parisien des ronronnements de plaisir.

Deux conceptions de l’amour s’opposent. Gary Cooper incarne un playboy sans âge qui accumule les conquêtes sans jamais s’engager. Audrey Hepburn sublimement habillée par Givenchy joue le rôle d’une ingénue touchée pour la première fois par la grâce de l’amour. Pour s’attacher Flannagan, Ariane va exciter sa jalousie en s’attribuant mille et une conquêtes, celles mêmes que son détective de père a rencontrées dans ses enquêtes : un banquier belge, un duc, un toreador…

Ariane se termine par une scène mythique qui arracherait des sanglots à un roc. Après l’avoir vue, on ne prendra plus jamais le train gare de Lyon sans un sourire.

La bande-annonce

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