Le Rire de madame Lin ★★☆☆

Madame Lin vieillit. Ses enfants semblent plus soucieux de s’en débarrasser que de s’inquiéter de son bien-être. Ils décident d’un commun accord de la placer dans un hospice sordide. Mais en attendant qu’une place s’y libère, ils acceptent une dernière fois de l’accueillir à tour de rôle.

Âmes sensibles s’abstenir. Vos parents sont retraités ? leur santé décline ? ne leur proposez pas d’aller voir ce film avec vous. Ils pourraient y voir malice de votre part.

Le Rire de Madame Lin n’est pas une comédie. Si on rit comme Madame Lin, c’est nerveusement, pour cacher un malaise, pour étouffer un sanglot. Car rien n’est épargnée à cette Grand Mère Courage, ballottée d’un foyer à l’autre, qui encore et toujours y fera l’expérience de l’ingratitude humaine. Fils, filles, beaux-fils, belles-filles, tous sont plus égoïstes les uns que les autres. L’un empoche la tontine assemblée par la famille pour payer son docteur ; l’autre la chasse parce que sa présence silencieuse nuit au petit commerce qu’ils dirigent ; une troisième la fait dormir avec les bêtes au motif que le rire nerveux de Madame Lin lui est devenue insupportable.

Il y a dans cette succession d’avanies un procédé un brin répétitif. Le Rire… aurait pu durer un quart d’heure de plus si Madame Lin avait eu un cinquième enfant. Il a l’élégance de se conclure après une heure vingt-deux par un épilogue traumatisant. C’est un film chinois qui décrit l’âpreté des relations humaines en Chine – comme le documentaire Argent amer vient de le faire – et le paradoxal individualisme que trois quarts de siècle de collectivisme y a généré. Mais c’est aussi un film universel qui nous touchera tous. Car la question qu’il traite – que faire de nos aînés – se pose sous toutes les latitudes.

La bande-annonce

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