Le 15h17 pour Paris ☆☆☆☆

Le 21 août 2015, un terroriste surarmé a voulu assassiner les passagers du Thalys 9364 entre Bruxelles et Paris. Un carnage a été évité grâce à l’intervention héroïque de trois Américains en vacances en Europe.
Le 15h17 pour Paris retrace leurs vies.

Il y a deux façons de considérer ce film. La première est d’oublier qu’il a été réalisé par Clint Eastwood et de l’exécuter en deux phrases en se bornant à constater qu’il s’agit d’un navet sans intérêt. La seconde est de ce se demander pourquoi l’un des réalisateurs les plus (sur)côtés d’Hollywood s’est engagé dans cette galère.

Quand on a appris que les trois héros du Thalys 9364 tourneraient leurs propres rôles dans le dernier film de Clint Eastwood, on a froncé un sourcil interrogateur : le réalisateur de Impitoyable et de Million Dollar Baby se lancerait-il dans le documentaire ? Il n’en est rien. Le 15h17 pour Paris, quoiqu’inspiré de faits réels, est un film. Un film comme on en a déjà vu des palanquées. Un film qui, comme aujourd’hui il est de bon ton à Hollywood, est censé être d’autant plus émouvant qu’il est « inspiré de faits réels ». Mais un film qui déroule une histoire connu d’avance au suspense éventé avec des acteurs qui, reconnaissons-leur ce mérite, abattent honnêtement leur tâche, aussi novices soient-ils.

On aurait pu concevoir que Le 15h17 pour Paris raconte en temps réel les événements qui se sont déroulés vers 18 heures entre Bruxelles et Paris à bord de ce désormais célèbre Thalys. Il n’en est rien. Comme dans Sully, le précédent film de Eastwood, qui racontait l’acte héroïque du capitaine « Sully » qui fit atterrir son avion sur l’Hudson, Eastwood ne résiste pas à la tentation du flashback psychologisant, soit que l’événement lui-même ne suffise pas à faire la matière d’un film, soit que Eastwood veuille à tout pris comprendre et expliquer comment des citoyens ordinaires en viennent à accomplir des actes qui ne le sont pas.

Du coup nous voilà propulsés dix ans plus tôt dans un collège de Sacramento où nos trois Ricains sont copains comme cochons. Vous êtes venus voir un film sur un attentat terroriste commis dans un train ? On vous sert un film américain sur Riri, Fifi et Loulou convoqués chez le proviseur pour être arrivés en retard au bahut !

Ces gentilles gamineries prennent un bon tiers du film. Mais la suite n’est guère mieux. Riri, Fifi et Loulou ont grandi. Spencer essaie non sans mal d’intégrer l’armée. Alek, lui, part se battre en Afghanistan. Quant à Anthony… on en sait pas trop ; son rôle a dû être coupé au montage. Les trois amis, qu’on imagine volontiers inséparables, décident d’aller passer du bon temps en Europe. Ils atterrissent à Rome, visitent Venise, font un crochet par Berlin et Amsterdam, et après en avoir longuement délibéré (« les Parisiens sont malpolis … oui, bon, j’aimerais quand même faire un selfie devant la Tour Eiffel »), s’en vont visiter la France. Rien de leur odyssée touristique ne nous est épargné. On imagine volontiers que Clint avait envie de visiter Rome et a demandé à la production de lui organiser un tour : Colisée, Fontaine de Trévi, Piazza di Spagna, Vatican… on se croirait à une séance de Voyages et Connaissance du monde (avec un conférencier en detox qui dans un micro grésillant décrit ses diapositives de vacances).

Enfin arrive la scène du train. Un terroriste monte dans un train. Il s’enferme dans les toilettes pour charger ses armes. Il en sort et tire sur le premier venu. Spencer lui saute dessus, l’immobilise… et c’est fini.

Je viens de vous faire économiser dix euros.

La bande-annonce

2 commentaires sur “Le 15h17 pour Paris ☆☆☆☆

  1. Pourquoi aller voir un film dont on connaît le début et la fin de l’histoire? Pas pour le suspence. Mais pour découvrir avec quelle originalité un réalisateur – il s’agit tout de même de Clint Eastwood!- l’a écrit et tourné. Ce 15h17 est un film-réalité où les véritables personnages du drame qui ne sont absolument pas comédiens professionnels, interprètent leurs rôles. Premier effet de bravoure car, finalement, sous la direction du « maître », ils ne se débrouillent pas si mal. Mais ce qui manque totalement d’originalité c’est la platitude des dialogues, la banalité et la lenteur de l’intrigue, la longueur des flash back, la pauvreté des cadrages. J’ai trouvé insupportable cette glorification forcenée des » belles « valeurs dispensées dans l’éducation américaine modèle des futurs héros: foi, patriotisme, travail, respect, amour de la famille (en particulier de la mère), amitié etc…L’overdose de tous ces ingrédients font de ce film, je vous l’accorde, un véritable navet. A l’issue de la projection , on s’interroge toutefois sur l’étoffe des héros. Question de timing certainement: ne pas peser le pour et le contre et foncer sans réfléchir dans un acte héroïque. Mais pas seulement. Spencer Stone et Alex Skarlatos ne sont pas aussi ordinaires qu’il y parait. Depuis l’enfance, ils adorent les jeux de guerre, les armes, la violence pour la bonne cause. Spencer rêve de devenir militaire et a suivi un entraînement professionnel mais il a échoué aux examens. Cet échec il l’a mal vécu. La vie lui doit de prendre sa revanche. Et c’est lui qui va foncer tête baissée sur le terroriste dans le Thalys. Alex est un véritable soldat qui est parti en Afghanistan. Les deux hommes savent manier les armes. Ils savent se battre au corps à corps. Ce sont des sportifs super-entraînés . Ils ont aussi reçu une formation de premiers secours. Etre un héros, et un héros qui a toutes ses chances de survivre, ça ne s’improvise donc pas !

  2. Ping Cry Macho ★☆☆☆ | Un film, un jour

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