La juste route ★☆☆☆

Un petit village hongrois au milieu de nulle part, en août 1945, prépare fébrilement le mariage du fils du maire. Mais la fête est gâchée par l’arrivée de deux Juifs qui transportent deux mystérieuses malles.
Que cherchent-ils ? Que transportent-ils ? Les interrogations que leur arrivée suscite bouleversent le petit village et obligent ses habitants à regarder le passé en face.

Impossible de voir aujourd’hui cette Juste route sans se rappeler Un homme est passé, le chef d’œuvre de John Sturges. Un manchot, interprété par Spencer Tracy (le rôle lui valut une de ses neuf (!) nominations à l’Oscar du meilleur acteur) descendait d’un train dans une bourgade perdue du Far West et suscitait l’hostilité générale en y cherchant le père d’un soldat japonais qui lui avait sauvé la vie durant la guerre du Pacifique. On apprenait plus tard que ce Nippo-Américain avait été la victime d’un crime raciste pendant la guerre.

C’est la même ambiance de western qui caractérise ce film hongrois. Même noir et blanc stylisé [oui oui Un homme est passé était en couleurs… mais ne pinaillons pas]. Même unité de temps, de lieu et d’action. Même personnages archétypiques, à commencer par ces deux Juifs mutiques qui cheminent derrière la carriole qui transportent leurs précieux chargements.

Sans qu’ils prononcent une parole, l’arrivée de ces deux visiteurs hystérise le village. On comprend vite que sa prospérité actuelle – que vient obscurcir la présence menaçante de l’occupant soviétique – est le fruit des spoliations passées. Le maire, le chef de gare, le curé, tous sont complices. Et l’ivrogne du village qui est tenaillé par le remords se voit rapidement sommer de se taire quand il recommande de tout avouer.

Le film est tendu par un suspense : que vont demander ces deux visiteurs ? que transportent-ils ? Il suffit de regarder l’affiche pour imaginer la réponse. Du coup, ce suspense assez pauvre ne suffit pas à lui seul à nourrir le film. Pour y remédier, le scénario se leste d’histoires secondaires, telle celle de la future mariée (qu’on voit sur l’affiche quoique son rôle soit secondaire et ses apparitions furtives) qui n’est guère attirée par son promis et lui préfèrerait volontiers un paysan pro-communiste ou celle du fiancé qui préfèrerait fuir l’ambiance délétère de ce village hypocrite que de s’y marier.

À force de s’interdire tout sentimentalisme, la mise en scène de Ferenc Tökör nous anesthésie. Dommage…

La bande-annonce

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