Un père marie sa fille. Comme le veut l’usage en Palestine, il sillonne Nazareth pour remettre en mains propres aux invités les invitations à la cérémonie. Son fils l’accompagne, qui a choisi le chemin de l’exil.
On comprend vite l’intention de Annemarie Jacir, une jeune réalisatrice palestinienne à l’œuvre délicate. Elle est double. D’une part, faire la radioscopie de la société palestinienne à travers les amis que les deux protagonistes rencontrent au fil de leur pérégrination : Chrétiens ou Musulmans, riches ou pauvres, conservateurs ou modernistes, pro- ou anti-OLP… D’autre part, brosser le portrait d’un père et de son fils que la vie a éloignés, sur lesquels plane la figure de la mère absente, partie vivre avec un autre à l’étranger. Le père a choisi de rester en Palestine et de s’y accommoder des difficultés d’un régime d’occupation, quitte à nouer avec des Juifs des liens d’amitié que le fils réprouve. Le fils lui, a choisi de vivre à l’étranger, en Italie, dans le souvenir idéalisé d’un pays qui a bien changé depuis son départ.
Le projet du film est estimable. Sa réalisation est loin d’être mauvaise, servie par l’interprétation impeccable de ses deux protagonistes principaux, père et fils à l’écran comme à la ville. Le problème de Wajib est que le fil qui le tient est trop ténu pour susciter l’intérêt. On se lasse vite de la déambulation de ce père et de son fils, de leurs rencontres répétitives, de leur dialogue à fleurets mouchetés et de leurs franches engueulades.