Pendant la Seconde guerre mondiale, des Coréens sont amenés de force sur l’île de Hashima, au large du Japon pour y travailler à la mine. Parmi eux, un clarinettiste et sa fille, un Coréen bagarreur, une femme de réconfort, un espion du mouvement d’indépendance infiltré pour libérer un vieux résistant.
Énorme succès au box-office coréen (plus de six millions d’entrée), Battleship Island sort en catimini sur nos écrans – il n’est guère programmé à Paris que dans une seule salle. Il a provoqué une crise diplomatique avec le Japon. C’est qu’il dénonce les conditions de travail à la mine de Hashima et, plus encore, le refus persistant du Japon de reconnaître ses torts. Cette dimension-là du film, pour importante qu’elle soit, ne parlera guère au spectateur occidental.
Et c’est d’ailleurs bien là le défaut principal de Battleship Island, construit et destiné à un public coréen. Outre qu’on ne comprend pas grand chose aux rivalités sino-japonaises (le sous-titrage ne distingue pas les deux langues, qu’une oreille mal exercée ne distingue pas non plus, alors que leur utilisation à tel ou tel moment, dans la bouche de tel ou tel personnage, n’est pas sans importance), le montage suit des règles bien différentes de celles qui régissent les films occidentaux.
Battleship Island est en même temps très rapide et très lent. Très rapide, il condense un scénario aux nombreux personnages et aux multiples rebondissements qui auraient pu sans peine remplir une mini-série de plusieurs heures. Très lent, il filme avec complaisance la violence d’interminables scènes de bagarre ou d’action.
Au bout de deux heures dix-sept minutes, on sort un peu groggy du cinéma, avec le sentiment désagréable de s’être trompé de salle et d’avoir vu un film qui ne nous était pas destiné.