Dogman ★★★☆

Marcello est toiletteur pour chiens. Il s’occupe de ses bêtes avec tendresse. Il partage avec sa fille la passion de la plongée sous-marine. Il est apprécié de ses voisins avec lesquels il joue régulièrement au football.
Tout irait pour le mieux pour Marcello s’il n’y avait Simoncino, une brute aussi violente qu’obtuse, qui terrorise le quartier.

Mateo Garrone est de retour sept ans après Gomorra – on oubliera Tale of Tales et Reality. L’affiche est la même. Même fond bleu et marin. Même titre rouge utilisant presque les mêmes lettres : un O, un G, un M, un A. Même palme cannoise en surplomb – hier le Grand Prix, aujourd’hui le prix d’interprétation masculine.

Et pourtant Dogman et Gomorra n’ont quasiment rien à voir.
Adapté du best-seller de Roberto Saviano, Gomorra était une plongée kaleidoscopique dans la Camorra napolitaine, un film choral entrelaçant les histoires, multipliant les points de vue – au point, à mon avis, d’en perdre en cohérence.

Dogman relève plutôt du conte abstrait. Tout se passe autour du salon de Marcello, dans un quartier déshérité de Rome, au bord de la mer, là même où fut assassiné Pasolini, dans des décors si typés qu’on les croirait sortis d’un film de Fellini. Sans minorer l’extraordinaire prestation de Marcello Fonte, un ancien gardien de prison devenu par les hasards d’un casting sauvage le héros du film, le décor de Dogman est le principal personnage du film. Minéral, pluvieux, on est loin du soleil de carte postale du Latium.

Dans ce décor misérable évoluent deux personnages archétypaux. D’un côté Marcello, des faux airs de Luis Rego, chétif, souffre-douleur, avec son seul sourire immense pour se défendre. De l’autre Simoncini, le visage couturé de cicatrices, le front bas, la diction pâteuse, les accès de colère aussi imprévisibles qu’incontrôlables. On pense un instant au duo formé par Georges et Lennie dans Des souris et des hommes ; mais il n’en a pas la fraternelle tendresse. Marcello rappelle plutôt les grandes figures du cinéma néo-réaliste italien, ces figures pleines de dignité filmées par De Sica : le voleur de bicyclette, Umberto D.

Pendant tout le film, Marcello encaisse les brimades, les coups, les trahisons de Simoncino. On pressent que la riposte viendra. On l’imagine d’autant plus meurtrière qu’elle se fait attendre. Et, si on connaît le fait divers sanglant dont Dogman est inspiré, on en devine la nature. Pour autant, le film ne nous prend pas en otage, pas plus qu’il nous conduit vers un dénouement sans surprise. Interrompu en son milieu par une ellipse d’une année, il nous fait suivre la vie dérisoire de Marcello, un personnage qu’on n’oubliera pas de sitôt.

La bande-annonce

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