Burning ★☆☆☆

Quasiment orphelin depuis le départ de sa mère du foyer familial et l’incarcération de son père emprisonné pour coups et blessures, Jongsu travaille comme coursier à Séoul. C’est là qu’une camarade d’école, perdue de vue depuis l’enfance, le reconnaît. Haemi est belle, insouciante et Jongsu tombe instantanément sous son charme. Après avoir couché avec elle, il accepte volontiers de garder son appartement et son chat pendant qu’elle entreprend un long voyage en Afrique.
À son retour hélas, Haemi est flanquée de Ben. Jongsu est à la fois fasciné et jaloux de ce Coréen qui habite les beaux quartiers, roule en Porsche et mène des activités aussi mystérieuses que lucratives.

Difficile de dire du mal de Burning pour lequel toute la critique s’est enthousiasmée déplorant à l’unisson qu’il soit rentré bredouille de Cannes. Prenons cette phrase par exemple trouvée dans Cinéma Teaser sous la plume d’Aurélie Allin : « Le génie de Lee Chang-dong est de (…) faire d’une histoire où « il ne se passe rien » un récit universel imprévisible. » Elle commence par évoquer le « génie » du réalisateur, un mot à la fois éculé et enflé surtout quand on le place au début du raisonnement. Un film « où il ne se passe rien » : voici un aveu objectif qui augure bien mal car on a a priori plus de chance de s’intéresser à un film où il se passe quelque chose qu’à un où il ne se passe rien. Un récit « universel » : encore un pont-aux-ânes dès qu’il s’agit de parler d’un film coréen ou guatémaltèque, comme s’il devait à tout prix faire écho à notre situation ou nos émotions d’homme blanc occidental et s’il ne pouvait pas précisément nous charmer par son exotisme.

Une autre phrase énervante : « Un film qui parie sur l’intelligence du spectateur ». Sauf que … je n’avais rien compris de l’histoire de Burning en sortant de la salle et en étais d’autant plus énervé que d’autres plus intelligents que moi y auraient vu clair. Alors, après une patiente reconstitution, on parvient à deviner, malgré les ellipses du scénario que (attention spoiler) Ben est un meurtrier en série qui commet tous les deux mois environ un crime et que Haemi – dont la grosse valise est toujours dans l’appartement et dont la montre rose a rejoint les reliques que le serial killer garde de ses victimes dans un tiroir de sa salle de bains – n’est pas partie en voyage mais est morte de ses mains.

Pourquoi pas ? Une telle reconstitution donne une satisfaction : rejoindre le club des spectateurs soi-disant « intelligents » auxquels Burning est censé parler. Mais pour autant, l’appartenance à ce club d’happy few ne garantit pas d’aimer ce film trop long qui s’étire interminablement pendant près de deux heures et trente minutes.

La bande-annonce

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