Il se passe quelque chose ★★☆☆

Deux femmes, la cinquantaine, se rencontrent par hasard sur le pont d’Avignon. Irma (Bojena Horackova), d’origine bulgare, désespérée par la mort de son mari et la perte de son emploi, veut mettre fin à ses jours. Dolores Lola Duenas), pétillante Espagnole missionnée en Provence pour y rédiger un guide touristique gay friendly, la prend sous son aile protectrice.

L’affiche du film et sa bande-annonce laissent présager un Thelma et Louise à la française : l’amitié de deux femmes en rupture de ban sillonnant la Provence à bord de leur décapotable. Mais la réalisatrice Anne Alix nous surprend là où on ne l’attendait pas.

Elle tourne un faux documentaire sur un territoire qu’avait arpenté avant elle Jean Rolin dans un de ses carnets de voyage intitulé Les Evénements sorti en 2015. Il s’agit de la zone industrielle qui s’étend entre Martigues et la Camargue, à l’embouchure du Grand Rhône : une zone de marais salants où les Trente Glorieuses ont vu pousser des usines sidérurgiques et pétrochimiques. Nos deux fugueuses s’arrêtent chez des pêcheurs, dans un restaurant, dans un karaoké. Elles y font des rencontres hautes en couleurs : un Khmer qui a fait fortune dans l’élevage de crevettes en Guyane avant de tout perdre, une diseuse de bonne aventure, un jeune dragueur en mal de cougars, des réfugiés en pagaille fuyant leur pays pour une vie meilleure… Au contact de la radieuse Dolores la timide Irma se reconstruit lentement, rencontre un amoureux, trouve un travail sur le port.

La délicatesse du jeu de ses deux actrices et du regard que porte sur elles la réalisatrice sont pour beaucoup dans le charme de Il se passe quelque chose. Mais à force de retenue et de pudeur, ce road movie provençal frôle l’inconsistance.

La bande-annonce

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