Sami, une jeunesse en Laponie ★★☆☆

Une vieille femme revêche prénommée Christina vient en Laponie assister à des funérailles. On comprend que la défunte est sa sœur et que Christina, qui répond au prénom lapon de Elle-Marja, a jadis grandi sur ces terres avant de les fuir.
La mort de sa sœur est l’occasion pour la vieille femme de se remémorer son enfance dans la Suède des années trente.

On connaît mal l’histoire des Samis, qu’on désigne à tort sous le nom de Lapons, un terme péjoratif d’origine suédoise signifiant « porteurs de haillons ». Ces nomades peuplent le nord de la Scandinavie à cheval sur la Norvège, la Suède, la Finlande et la Russie. Ils ne représentent guère que quelques dizaines de milliers d’individus qui ont longtemps vécu de la cueillette, de la pêche et de l’élevage transhumant des rennes.

Sami voudrait porter témoignage du sort réservé à cette minorité dans la Suède de l’entre-deux-guerres pénétrée par les théories racialistes. Son action se déroule dans un pensionnat retiré où quelques Samis pouilleux sont alphabétisés par une maîtresse d’école. S’il s’agit de leur enseigner les rudiments de l’écriture, de l’arithmétique et de la religion luthérienne, leur intelligence soi-disant limitée que des phrénologues viennent mesurer avec des instruments inspirés de Gobineau leur interdit l’accès à l’enseignement supérieur.

C’est contre cette infériorisation que la jeune Elle-Marja se rebelle. Elle rêve de devenir institutrice. Mais cette perspective lui est interdite par ses origines. Son combat pourrait passer par l’émancipation de son peuple ; mais il emprunte la voie paradoxale de la haine de soi et du désir d’assimilation à la majorité suédoise. Elle déteste le chant joik et refuse de porter le costume national bleu franc lui préférant l’anonymat d’une robe suédoise sans couleur.

La description de ce rapport de domination n’est pas la partie la plus intéressante de Sami qui frise parfois le film à thèse. Il n’est jamais aussi intéressant que lorsqu’il se resserre sur le personnage de la jeune Elle-Marja, sur sa colère, sur sa froide détermination à sortir, quoi qu’il lui en coûte, de sa condition. Paradoxalement, Sami, qu’on est allé voir en quête de dépaysement exotique, vaut plutôt par le portrait de cette jeune femme butée que par celui, trop folklorique d’une culture longtemps humiliée.

La bande-annonce

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