Pupille ★★★★

Théo naît sous X à l’hôpital de Brest. Une assistance sociale (Clotilde Mollet) explique la procédure à sa mère. Pendant deux mois durant lesquels elle bénéficiera d’un droit de rétractation, Théo, pupille provisoire, sera placé par le service de l’aide sociale à l’enfance (ASE), dans une famille d’accueil. Au terme de ce délai, Théo deviendra pupille de l’État et sera adoptable.
Karine (Sandrine Kiberlain) de l’ASE confie la garde de Théo à Jean (Gilles Lellouche). Pendant ce temps, Lydie (Olivia Côte) au service de l’adoption plaide en faveur du dossier d’Alice (Élodie Bouchez), une femme stérile qui a déposé une demande depuis huit ans.

Regardez la bande-annonce de Pupille. Si, comme moi, la larme vous est montée à l’œil, lisez la suite et courez voir ce film bouleversant. Si au contraire vous êtes resté.e de marbre, mieux vaut en rester là car le sentimentalisme dans lequel baignent les lignes qui vont suivre risque de vous convaincre définitivement d’abandonner la lecture de mes critiques quotidiennes.

Pupille aurait pu être un documentaire. Il en a toutes les vertus pédagogiques. Grâce à lui on découvre toute la procédure de l’accouchement sous X et son admirable humanité, tant à l’égard de la genitrice qui est éclairée sur les conséquences de son choix sans qu’il soit jamais critiqué, qu’à l’égard de l’enfant dont seul le bien-être importe. On est ébaubi devant un tel luxe et, à rebours de tous les Yaka-Faucon qui critiquent notre bureaucratie et le poids de nos dépenses publiques, on est fier de vivre en France et d’y payer des impôts.

Mais Pupille est avant tout un film. Le plus émouvant qui soit. Par le sujet qu’il traite. Et par la pudeur qu’il y met. La bienveillance et l’humanité dont font preuve chacun des personnages ne versent jamais dans le moralisme ou dans la bien-pensance. Comme dans Hippocrate, comme dans Patients, deux films tout aussi émouvants qui avaient pour théâtre l’hôpital, on y montre des professionnels dévoués à leur tâche et des « patients » en demande.

Le personnage de Jean, interprété par Gilles Lellouche, est le plus étonnant. Dans le rôle d’un accueillant, on n’imaginait pas a priori un papa poule. On imaginait encore moins Gilles Lellouche dont certains rôles ont véhiculé l’image d’un macho voire d’un « hétéro-beauf ». Il est pourtant bouleversant d’humanité dans l’amour sans retour qu’il porte à Théo. C’est lui qui détecte les premiers indices d’un manque de tonicité du bébé – qui va créer un suspense sans lequel le film aurait pâti d’un manque de rythme. C’est lui qui transmet Théo à Alice, qu’elle rebaptise Mathieu, symbole du passage à une autre phase.

Le personnage d’Alice, interprété par Élodie Bouchez, est le plus émouvant. On espère qu’il lui vaudra le César de la meilleure actrice en février, vingt ans après celui qui lui fut décerné pour La Vie rêvée des anges. La réalisatrice, surfant sur l’actualité, aurait pu en faire une lesbienne militante. Elle n’a pas cédé à cette facilité. Alice est plus banalement une hétérosexuelle stérile qui a engagé une procédure d’adoption depuis une dizaine d’années mais dont les chances de voir son dossier retenu ont chuté depuis son divorce.

Vous cherchez un feel-good movie pour les fêtes ? un film qui vous émeuve sans vous décérébrer ? qui vous (re)donne foi en l’humanité sans anesthésier vos neurones ? Ne cherchez plus…

La bande-annonce

Un commentaire sur “Pupille ★★★★

  1. Ping Je verrai toujours vos visages ★★★☆ | Un film, un jour

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