Retour de flamme ★★★☆

Marcos et Ana ont la petite cinquantaine. Il enseigne la littérature à l’université ; elle est cadre dans une société de marketing. Le départ de leur fils unique pour ses études en Espagne les oblige à une lucide introspection. Même s’ils sont unis par une solide complicité, construite sur l’accumulation des souvenirs partagés, l’amour a déserté leur couple.
Ils décident logiquement de se séparer. Mais, la liberté que leur séparation procure aux deux nouveaux célibataires trouve vite ses limites.

Dans les années trente, Hollywood a inventé la comédie du remariage. Cary Grant et Katherine Hepburn en devinrent les figures emblématiques sous la direction de Howard Hawks (L’Impossible Monsieur Bébé) ou de George Cukor (Indiscrétions). Le principe en était simple : un couple marié divorce puis se retrouve. À la vérité, il s’agissait moins pour les studios hollywodiens de parler de remariage que d’adultère, dont l’évocation était censurée par le code Hays.

Retour de flamme n’est pas une comédie du remariage. D’une part, ce n’est pas une comédie – même si les distributeurs français, cherchant à appâter des spectateurs plus enclins à aller au cinéma pour y rire qu’y réfléchir, ont barré l’affiche d’un inepte bandeau « Le retour de Ricardo Darin à la comédie ». D’autre part, le remariage n’est pas vraiment son sujet – même si les mêmes distributeurs ont traduit le subtil « El Amor Menos Pensado » (littéralement « L’Amour le plus improbable ») par le spoilant « Retour de flamme ».

Retour de flamme est plus intelligemment un film sur la crise de la cinquantaine, qui frappe, après le départ de leurs enfants, les couples les plus unis, encore trop jeunes pour considérer que leur vie est finie et qu’elle n’a pas besoin d’un projet pour lui donner du sens. Retour de flamme est un film subtil sur ce désir de liberté qui nous anime tous, quel que soit notre genre, notre âge et notre statut matrimonial, et auquel nous avons tant de mal à renoncer. Qui n’aime pas séduire et être séduit ? Qui n’a pas envie de s’enflammer, de désirer ? Qui a la sérénité d’accepter le fatal engourdissement d’une union qui a inexorablement perdu la fougue de ses commencements et la perspective d’un futur sans surprise scandé par la répétition des habitudes ? Qui a la lucidité de comprendre que les alternatives sont des leurres ?

Le sujet est merveilleusement servi par ses deux interprètes. Ricardo Darin et Mercedes Moran sont l’un comme l’autre d’une classe folle. Je défie les spectateurs.trices de ne pas rêver de ressembler à l’un et d’épouser l’autre.

Retour de flamme a pour autant deux défauts. Le premier, structurel, est son cœur de cible, particulièrement étroit, auquel j’appartiens trop parfaitement pour ne pas mettre en cause mon enthousiasme suspect : CSP+, 45-55 ans, marié depuis vingt ans…
Le second est sa durée et sa théâtralité : trop bavard, trop long, il aurait pu être amputé d’une bonne demie heure sans nuire à son efficacité.

La bande-annonce

2 commentaires sur “Retour de flamme ★★★☆

  1. J’adore le premier défaut sur l’appartenance à la csp++ à laquelle j’appartiens aussi, et c’est bien l’une des raisons pour lesquelles j’irai voir ce film.

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