Teen Spirit ★★☆☆

Violet Valenski (Elle Fanning) est une adolescente discrète qui s’ennuie ferme dans l’île de Wight au sud de l’Angleterre. Lycéenne maussade, elle enchaîne les petits boulots pour se faire de l’argent de poche et contribuer aux charges de la famille. Sa mère, une immigrée polonaise, l’élève seule depuis que son père l’a quittée.
Mais Violet a une passion : le chant, qu’elle pratique à la chorale de l’église et dans un troquet, devant un public clairsemé d’alcooliques moroses. Jusqu’au jour où Vlad Brajkovic, un ancien chanteur d’opéra croate déchu, repère son talent et accepte de la parrainer au concours de chant « Teen Spirit ».

On me dit Teen Spirit ? Je réponds Virginie Despentes. Je me demande combien de spectateurs iront, comme moi, voir ce film, sur un malentendu, escomptant une adaptation de l’une des œuvres de jeunesse de l’auteure de Vernon Subutex. Ils n’en auront pas pour leur compte ; car la romance sucrée de Max Minghella (le fils de son père, Anthony Minghella, le réalisateur du Patient anglais, mais aussi l’acteur qui joue Nick Blaine dans The Handmaid’s Tale) n’a rien de trash ni de punk.

Le scénario cousu de fil blanc de Teen Spirit est affligeant. Comme de bien entendu, on y voit une Anglaise ordinaire passer avec succès toutes les épreuves qui la mèneront de l’anonymat à la gloire. Rien ne nous est épargné, depuis la concurrente fielleuse, le petit ami séducteur et duplice jusqu’à la corruptrice impresario (superbe Rebecca Hall révélée dans Vicky Cristina Barcelona), sans oublier la mère aimante mais dure et l’ami fidèle mais faible.

La musique ne réjouira que les aficionados de NRJ. Des scies déjà mille fois entendues, au risque de nous causer des acouphènes, sont martelées sur des images de video clips : Lights d’Ellie Goulding, Wildflower de Carly Rae Jepsen, Dancing On My Own de Robyn, etc.

Pourquoi, après ce dézingage en règle deux étoiles alors ? Pour une seule raison : Elle Fanning. J’ai déjà eu souvent l’occasion de dire la passion que je lui voue. Une admiration qui n’est ni sentimentale ni irrationnelle. Je ne suis pas sous le coup de son charme. D’ailleurs Elle Fanning a des traits assez durs, un visage carré, un menton agressif, une bouche trop petite (je lui trouve une ressemblance avec Elisabeth Moss, l’héroïne de The Handmaid’s Tale). Mais elle réussit, d’un plan à l’autre, à se métamorphoser. Quelconque un instant, elle est sublime l’instant d’après. Elle a des expressions enfantines, un sourire désarmant, et, à plus de vingt-et-un ans, une sensualité désormais parfaitement assumée.
Surtout, c’est une actrice qui travaille ses rôles. Cela se voit. On la sent investie, concentrée, attentive aux moindres détails. Loin d’être un défaut, c’est à mes yeux une qualité. À une époque où on valorise le lâcher prise, où l’on encense le talent naturel de jeunes génies au charme félin façon Timothée Chalamet ou Lily-Rose Depp, je reste indéfectiblement du côté des besogneuses, des bosseuses : Natalie Portman, Naomi Watts, Julianne Moore, Jennifer Lawrence, Jessica Chastain…

La bande-annonce

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