Trois jours et une vie ★★★☆

Antoine a douze ans. Il vit seul avec sa mère (Sandrine Bonnaire) dans un petit village des Ardennes belges. Un jour en forêt, il tue accidentellement Rémi, le fils de ses voisins. Paniqué, il dissimule le corps.
Michel (Charles Berling), le père de Rémi alerte immédiatement la police. Une battue est organisée dont Rémi craint qu’elle permette de retrouver le cadavre de l’enfant et de révéler son crime.
Mais un évènement inattendu survient. Quinze ans passent.

Trois jours et une vie annonce son sujet dans son titre. Ce sont les 22, 23 et 24 décembre 1999 qui vont décider de la vie d’Antoine. Coupable d’homicide involontaire, l’enfant ne se résout pas à en faire l’aveu. Ni à sa mère, ni à ce médecin de famille (Philippe Torreton) qui se doute pourtant de quelque chose. Il portera le poids de cette culpabilité toute sa vie.

Les polars sont normalement construits autour d’un crime à élucider. Ils débutent par un meurtre. Ils se poursuivent par une enquête. Ils se terminent par sa résolution. Ils sont tendus par un fil narratif : qui a tué ?

Aussi efficace soit-elle la bande-annonce de Trois jours et une vie nous laisse augurer un polar construit sur ce schéma banal. Or, sa structure est différente. Sans s’embarrasser de flash-back compliqués, il suit le fil de la chronologie. On commence – un peu besogneusement – par suivre pendant une journée les faits et gestes des habitants d’Olloy, cette petite ville belge, encore traumatisée par les meurtres de Dutroux, qu’on ne quittera pas de tout le film. On y découvre Antoine et sa mère, Rémi, le petit voisin, Émilie, sa sœur aînée dont Antoine est secrètement amoureux, et leurs parents.

Et puis c’est l’accident. Et le sujet du film se dévoile. Il ne s’agit pas de savoir qui a tué Rémi. On le sait déjà. Il s’agit de montrer comment Antoine va survivre avec ce secret. Pour soutenir l’attention – et créer la tension – le scénario imagine que le cadavre de Rémi est sur le point d’être retrouvé, rendant le dilemme d’Antoine d’autant plus cornélien.

Mais la seconde partie du film est encore plus réussie que la première. On y voit Antoine, désormais interprété par Pablo Pauly (découvert dans Patients), revenir à Olloy et y redécouvrir tous les personnages vieillis d’une quinzaine d’années. Un épilogue ? Non. C’est bien plus compliqué. On n’en dira pas plus. On en a déjà trop dit. Mais le dernier quart d’heure, aussi peu crédible soit-il, est une horlogerie machiavélique qui broie Antoine et l’enferme jusqu’à l’ultime scène, dans une famille aussi oppressante que l’aurait été la prison.

La bande-annonce

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