Le Temps du ghetto ★★☆☆

Le Temps du ghetto documente l’histoire du ghetto de Varsovie, de sa création en 1940, dans la Pologne occupée par les Nazis, à sa destruction en mai 1943.

Enfant, j’ai lu Au nom de tous les miens. L’autobiographie de Martin Gray était ma première confrontation avec la Shoah. Elle fut traumatisante et m’a durablement marqué. J’ai gardé de ce livre, que je n’ai jamais rouvert, un souvenir d’une étonnante précision. Je me souviens de l’Umschlagplatz où les Juifs du ghetto étaient rassemblés avant d’être conduits en camp. Je me souviens du docteur Korczak et de ses orphelins qu’il avait refusé d’abandonner dans leur marche vers la mort. Je me souviens de Treblinka et de l’excavatrice de sable jaune qui recouvrait les cadavres qui n’avaient pas pu être incinérés. La géographie et l’histoire du ghetto se sont durablement inscrits dans ma mémoire.

Je les retrouve trente ans plus tard à l’occasion de la ressortie en salles de ce documentaire datant de 1961. Entretemps bien sûr j’avais vu l’adaptation de Robert Enrico diffusée (en 1985 ?) à la télévision (TF1 ? Antenne 2 ?) sous forme de mini-série. J’avais vu aussi Le Pianiste de Polanski, Palme d’or à Cannes en 2002, César 2003 du meilleur film, du meilleur réalisateur et du meilleur acteur pour Adrien Brody.

Frédéric Rossif était un homme de télévision spécialisé dans la réalisation de documentaires. Il est passé à la postérité, un an avant sa mort, avec De Nuremberg à Nuremberg, l’immense fresque qui raconte l’histoire du Troisième Reich, de sa constitution à son procès. Mais il avait réalisé d’autres documentaires d’une grande popularité sur la guerre d’Espagne (Mourir à Madrid), la révolution bolchevique (La Révolution d’Octobre) ou ce qu’on n’appelait pas encore la biodiversité (L’Opéra sauvage).

Frédéric Rossif appartenait à la vieille école. Ses documentaires sont souvent grandiloquents, soulignés par une voix off volontiers mélodramatique et une musique envahissante. On lui a aussi reproché ses partis pris esthétisants qui s’accommodent un peu vite de la réalité historique. Mais les mêmes reproches pourraient être adressés à Nuit et Brouillard tourné par Alain Resnais cinq ans plus tôt.
Il n’en reste pas moins que son travail de vulgarisation est remarquable. Les images qu’il montre en 1961 à un public qui se refusait encore à regarder la Shoah en face ont éveillé bien des consciences.

La bande-annonce

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