L’Audition ★★☆☆

Anna (Nina Hoss) est professeure de violon au Conservatoire. Elle est chargée de préparer le jeune Alexandre à son audition et s’investit tout particulièrement dans cette tâche au point de repousser les limites de son élève.
La professeure, froide et inflexible, cache bien des failles secrètes. Rongée par la maladie, elle est incapable de se produire en public. Malheureuse dans son couple, elle trompe son mari (Simon Abkarian) avec un collègue violoncelliste (Jens Albinus). Bourreau de travail, elle reporte sur son fils ses ambitions déçues.

L’Audition est un film sur la musique et son apprentissage. Je ne suis moi-même qu’un musicien du dimanche et n’ai jamais pratiqué mon art au niveau d’excellence des personnages du film. Mais je crois qu’il expose fort bien deux situations rarement filmées avec autant de finesse. D’une part quand il montre Alexandre travailler le presto d’une sonate de Bach,  la recherche maniaque de la perfection dans l’inlassable répétition d’un même morceau, d’un même passage jusqu’à l’épuisement. D’autre part, la place envahissante que la pratique d’un instrument peut prendre dans la vie d’une famille, a fortiori si plusieurs de ses membres s’y adonnent.

Je suis un fan absolu de Nina Hoss dont j’admire la beauté, l’élégance et la finesse de jeu. J’ai adoré les films qu’elle a tournés sous la direction de Christian Petzold : dans Barbara, en 2012, elle joue une chirurgienne qui tente de tromper la surveillance de la Stasi, dans Phoenix, en 2014, elle est une rescapée des camps de concentration. Elle « personnifie l’Allemagne, comme Hanna Schygulla à une époque » écrit d’elle Libération dans le portrait qu’il lui consacre début 2016 à l’occasion de la sortie d’une pièce de Yasmina Reza dont elle tient le premier rôle.

Trop rare sur nos écrans, j’étais impatient de la retrouver.
Ces retrouvailles furent en demi-teinte.
Sans doute Nina Hoss est-elle impériale dans un rôle complexe et ambigu. Son personnage force l’admiration autant qu’il inspire l’effroi. Il n’est pas sans rappeler, la sexualité pathologique en moins, la pianiste interprétée par Isabelle Huppert dans le film éponyme de Michael Haneke inspirée du livre de Elfriede Jelinek.
Mais son personnage est si déroutant, si glaçant, si opaque, qu’il annihile l’élan de sympathie qu’on aurait aimé ressentir pour lui.

La bande-annonce

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