Terminal sud ★☆☆☆

C’est l’histoire d’un docteur (Ramzy Bedia) dans un pays en guerre dont le nom ne sera jamais prononcé.
Les violences y sont quotidiennes. Des hommes en uniforme rackettent les voyageurs. Sont-ce des brigands déguisés ? ou des militaires dévoyés ? Les arrestations arbitraires se multiplient contre ceux qui sont suspectés de menacer l’ordre ; la torture est monnaie courante pour leur arracher des confessions.
Inlassablement, pendant ce temps, le docteur soigne. Il soigne tous les patients sans questionner leurs origines : aussi bien le maquisard que le chef de la police. Pour tenir le coup, il boit. Son obstination a raison de l’amour de sa femme qui le quitte après l’assassinat de son frère journaliste par une milice paramilitaire.

Les films de Rabah Ameur-Zaïmeche sont rares. Il en a tourné six en vingt ans. Ils sont précieux, âpres, singuliers, souvent minimalistes. L’œuvre de cet enfant des Bosquets à Montfermeil (il est arrivé en France à l’âge de deux ans) ne se limite pas au « film de banlieue » à la mode comique (Le Ciel, les oiseaux et ta mère), tragique (La Haine, Les Misérables) ou romantique (Tout ce qui brille). Après Wesh-wesh et Bled number one, ses deux premiers films tournés en 2001 et en 2005 avec quatre bouts de ficelle, qui racontent la difficile réinsertion d’un détenu puis son retour au bled en Algérie, Ameur-Zaïmeche voit plus large. Les Chants de Mandrin et Histoire de Judas sont des films en costumes qui racontent l’un comme l’autre des formes d’utopie sociale, dans la France du XVIIIème siècle ou dans la Galilée de Tibère.

Bien qu’elle ne soit pas expressément nommée, l’Algérie de la décennie noire est la toile de fond de Terminal sud. Le réalisateur, qui a essentiellement tourné dans le sud de la France entre Fos sur mer et Port Saint louis du Rhône, s’emploie à brouiller les pistes. Sans doute veut-il donner à son propos une intemporalité et une universalité que rien ne justifiait.

Le film est tout entier porté par son acteur principal. On connaissait Ramzy Bedia pour ses facéties comiques. On le découvre dans un rôle tragique qu’il porte avec talent. On n’oubliera pas de sitôt la scène de torture qui le confronte à son tortionnaire.

Si le scénario maintient la tension pendant la première heure, elle s’effondre dans le dernier tiers du film, longue errance sans but et sans sens dans les marais salants du delta du Rhône.

La bande-annonce

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