#Jesuislà ★★☆☆

Stéphane (Alain Chabat) s’ennuie. La cinquantaine blanchissante, séparé de son épouse, il marie son fils aîné et garde auprès de lui son cadet qu’il emploie dans son restaurant, une auberge basque dans son jus.
Stéphane a rencontré Soo, une Coréenne francophone, sur Instagram. Elle est devenue son jardin secret. Avec elle, ce taiseux discute. Avec elle, ce pudique se confie.
Jusqu’au jour où Stéphane décide de tout plaquer pour aller retrouver Soo à Séoul.

Les réseaux sociaux réécrivent les « lois de l’amour ». C’était le titre d’un essai de Janine Mossuz-Lavau qu’on m’avait offert pour la Saint Valentin en… 1992 et qui racontait l’appareil juridique réglementant la sexualité en France depuis 1945. Quand Marie Bergström publie Les Nouvelles Lois de l’amour en 2018, il n’est plus question de droit, mais d’Internet, ainsi qu’en témoigne son sous-titre : « Sexualité, couple et rencontres au temps du numérique ». Peut-être me l’offrira-t-on vendredi prochain.

Deux inconnus se rencontrent sur Internet. Quel point de départ stimulant : romance, comédie, thriller, film d’honneur… Ce pitch ouvre tous les possibles. Il est étonnant qu’il n’ait encore guère été exploité au cinéma. Ne me vient guère à l’esprit que le récent Seules les bêtes – dont il ne constituait d’ailleurs pas l’argument central. Je prends le pari qu’il le sera dans les prochaines années.

On pourrait croire qu’il s’agit du sujet de #Jesuislà : la rencontre de Stéphane et de Soo, organisée en trois volets. Dans le premier, on est avec Stéphane près d’Hendaye où il s’ennuie gentiment. C’est la partie la plus convenue du film qui met en scène une midlife crisis dépressive comme on en déjà tant vu (on pense à Jean-Paul Bacri dans Kennedy et moi adapté de Jean-Paul Dubois, à Frédéric Beigbeder dans L’amour dure trois ans ou à Yvan Attal dans Mon chien Stupide et on se dit que le Pays basque est décidément propice à la crise de la quarantaine). Dans le deuxième, il atterrit à Séoul et va passer plusieurs jours à errer dans les couloirs de l’aéroport d’Incheon. C’est la partie la plus drôle du film. Dans la troisième, il quitte l’univers aseptisée de l’aéroport pour aller à Séoul. On n’en dira pas plus. C’est la partie la plus surprenante du film.

Et on réalise, sans pouvoir en dire plus sauf à dévoiler la fin du film, que son vrai sujet n’est pas celui qu’on croit. Il s’agit moins d’une rencontre entre deux inconnus, d’une histoire d’amour qui commence, d’un voyage exotique dans un pays inconnu, que d’une quête intérieure, que d’un retour vers soi-même, que d’une introspection.

Et on sort de la salle avec une question qu’on pose en redoutant d’être taxé de narcissisme. Que cherche-t-on sur les réseaux sociaux ? L’autre ou soi-même ?

La bande-annonce

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