Un divan à Tunis ★★★☆

Selma est psychanalyste. Cette Tunisienne a grandi en France, y a fait ses études et a commencé d’y travailler. Mais, la trentaine venue, elle décide de revenir à Tunis pour y pratiquer son métier. La psychanalyse freudienne est-elle soluble dans le mode de vie tunisien ?

Un divan à Tunis fait partie de ces films dont on pourrait penser que le charme ne dépasse pas la bande-annonce. Tout y  est déjà dit. Le pitch du film, qui se résume en une phrase et qui joue sur le choc des cultures. Son personnage principal, une femme indépendante, dont on se réjouit qu’il soit interprété par l’excellente Golshifteh Farahani tout en se demandant pourquoi diable être allé chercher cette actrice iranienne médiocrement arabophone pour jouer le rôle d’une Franco-Tunisienne. Et son traitement ; une succession de vignettes mettant en scènes des personnages croustillants composant un portrait kaléidoscopique de la Tunisie post-Ben Ali (un père de famille secrètement alcoolique, un imam imberbe, la patronne bling-bling d’un salon de coiffure, un boulanger mégenré…).

Un divan à Tunis est tout cela et n’est rien que cela. Aucune surprise décoiffante. Aucune entorse à un cahier des charges soigneusement respecté.

Mais, sans se pousser du col, sans vouloir à tout prix nous en mettre plein la vue, Un divan à Tunis est une réussite complète qui porte sur les choses et les êtres un regard d’une infinie bienveillance. Tout y est juste, tout y est savoureux. Qu’il s’agisse de la police tunisienne gentiment moquée avec un duo loufoque d’inspecteurs bas du front ou de l’administration tunisienne tout à la fois chicanière et accommodante.

On parle beaucoup de female gaze ces temps ci, alors que les polémiques autour des Césars ne cessent d’enfler. Le livre qu’y consacre Iris Brey bénéficie pour ces motifs conjecturels d’une inattendue publicité. On cite à tout bout de champ Portait de la jeune fille en feu comme le porte-drapeau de ce cinéma-là qui regarde la femme comme un sujet et non comme un objet. Le regard de Manèle Labidi sur son héroïne est emblématique du female gaze. C’est le regard sur une femme indépendante, drôle, belle et intelligente, qui n’a pas besoin d’être érotisée pour posséder une identité.

La bande-annonce

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