Tout peut changer, Et si les femmes comptaient à Hollywood ? ★☆☆☆

Les femmes sont discriminées au cinéma. Les postes de pouvoir dans l’industrie cinématographique, à la tête des studios, à la réalisation des films, à l’écriture des scénarios, sont monopolisés par les hommes. L’image projetée de la femme, vue à travers les yeux des hommes (le désormais fameux male gaze) est alternativement celle d’une putain ou d’une maman et n’offre pas aux jeunes filles un modèle valorisant. Les femmes sont souvent victimes de menaces ou de chantages sexuels comme l’a révélé le mouvement #metoo.

C’est l’ensemble de ces questions qu’évoque le documentaire de Tom Donahue qui s’organise autour d’interviews et de nombreuses images de films – qui, à leur corps défendant, illustrent la misogynie sous-jacente de Hollywood. Dans la forme, Tout peut changer est bien différent de Pygmalionnes, sorti un mois plus tôt sur les écrans (preuve s’il en était besoin que le sujet est d’une actualité brûlante). Lesté d’une envahissante musique, il n’évite pas les travers d’une inutile dramatisation. On aurait aimé plus de sobriété.

Le titre américain et sa traduction française renvoient deux messages différents. This changes everything (littéralement « ça change tout ») évoque les commentaires récurrents que tel film ou tel événement ont suscité, laissant augurer une changement radical. C’est ce qu’on a cru après Thelma et Louise, après l’Oscar de Kathryn Bigelow (qu’on regrette de ne pas voir interviewée), après le scandale #metoo… Le titre américain est cynique qui dénonce les faux espoirs d’une évolution qui tarde à se concrétiser.

Le titre français est plus positif, plus volontariste. Il est accompagné d’un sous-titre dont il faut renverser le sens. Il s’agit en effet tout à la fois de faire en sorte que les femmes comptent que de les compter. Telle est la démarche du centre de recherches créé par Geena Davis – l’égérie de Thelma et Louise – qui vise à documenter la sous-représentation numérique des femmes au cinéma en mesurant par exemple le nombre de films qu’elles ont réalisés ou – ce qui pose de redoutables défis méthodologiques – leur temps d’apparition à l’écran et la caractérisation de leurs personnages.

La démonstration est convaincante. Elle est presqu’écrasante. Tout peut changer est une oeuvre militante et qui n’hésite pas à se revendiquer comme telle. La cause qu’il défend est juste. Mais son propos est desservi par une rhétorique trop facile.

La bande-annonce

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