Lettre à Franco ★☆☆☆

Juillet 1936. L’Espagne bascule dans la guerre civile. D’un côté le gouvernement de la IIème République ; de l’autre les militaires putschistes qui, après l’accident d’avion fatal de leur leader, le général Sanjurjo, se cherchent un nouveau chef
Le recteur de Salamanque, l’immense écrivain Miguel de Unanumo, est spontanément favorable aux putschistes en qui il voit le seul rempart contre le désordre qui menace la République. Mais les exactions menées par les fascistes vont progressivement l’obliger à réviser son jugement.

Lettre à Franco (Mientras Durre la Guerra dans son titre original qu’on pourrait traduire par « aussi longtemps que la guerre durera » et qui fait allusion au mandat temporaire confié au généralissime Franco) évoque un personnage peu connu de ce côté-ci des Pyrénées, l’écrivain Miguel de Unanumo. Poète, romancier, dramaturge, critique littéraire, philosophe, cet homme de lettres avait été limogé de son poste de recteur de l’université de Salamanque, l’une des plus prestigieuses du pays, en 1924 en raison de son hostilité à la monarchie. Rétabli dans ses fonctions en 1930 après un long exil, il appuya la création de la IIème République mais en critiqua les dérives. Il offrit au franquisme le socle de son idéologie : la défense de la civilisation chrétienne occidentale. Mais il s’érigea courageusement contre les nationalistes dans un discours demeuré célèbre (« Vous vaincrez mais vous ne convaincrez pas ») devant un public de phalangistes qui faillit le lyncher. Il dut sa survie à l’épouse de Franco mais n’échappa pas à une seconde destitution.

Ce sont ces quelques mois, de juillet à octobre 1936, que le film relate. La reconstitution historique est irréprochable. La caméra ne quitte pas le vieil homme qu’on voit sillonner la ville, penché sur sa canne, sinon pour raconter la lente ascension de Franco qui, sans se pousser du col, réussit à se faire porter par ses pairs à la tête de la junte militaire.

Le dilemme auquel Unanumo doit faire face n’est pas sans intérêt, le choix courageux qu’il prend sans grandeur. Mais la réalisation est si académique, le scénario si lisse qu’on peine à s’enflammer.

La bande-annonce

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