Un 22 juillet ★★☆☆

Le 22 juillet 2011, Anders Breivik, un terroriste d’extrême droite, commet, après une longue planification, un double attentat. Il place dans le centre d’Oslo devant les services du Premier ministre une camionnette remplie d’explosifs. Profitant de la mobilisation des services de police causée par l’explosion, il se rend sur l’île d’Utøya, à une trentaine de kilomètres au nord d’Oslo et il y assassine avec un froid systématisme les jeunes du parti travailliste norvégien qui y étaient réunis en université d’été.

Paul Greengrass, le réalisateur britannique de trois Jason Bourne, de Captain Phillips et de United 93, raconte le double attentat d’Oslo et d’Utøya du 22 juillet 2011. Il adapte le livre-enquête de la journaliste Åsne Seierstad – déjà connue pour avoir ramené d’Afghanistan Le Libraire de Kaboul.

Les mêmes événements, qui ont durablement marqué la Norvège et le monde entier, ont fait l’objet d’un autre film : Utøya , 22 Juillet. Je l’avais vu à sa sortie en salles et l’avais beaucoup aimé. Ce film-là prenait un parti pris radical : filmer en caméra subjective, en un seul plan, la tuerie d’Utøya. Le résultat, immersif, traumatisant, était d’une efficacité redoutable.

Le parti pris de Paul Greengrass est beaucoup plus classique. Dans son film, la tuerie proprement dite n’occupe qu’une quinzaine de minutes. Il s’intéresse à l’avant (un peu) et à l’après (beaucoup).

Il aurait pu choisir de se focaliser sur le seul Breivik, essayer de plonger dans la psyché de ce criminel pathologique, nous faire comprendre le cheminement qui l’a conduit à ces crimes et sa façon d’organiser sa défense. Mais, Paul Greengrass choisit une approche plus chorale. Il s’intéresse non seulement à Breivik, mais aussi à quelques uns des protagonistes du drame : le Premier ministre norvégien, qui accepte de se soumettre à une commission d’enquête et assumera sa part de responsabilité dans l’impréparation des forces de police, deux survivants, l’avocat de Breivik commis d’office…

Cet éclatement polyphonique n’est pas toujours réussi. Si les dilemmes posés à l’avocat sont passionnants (comment défendre un monstre ?), l’histoire des deux survivants (un garçon qui doit courageusement endurer une longue convalescence et une jeune fille secrètement éprise de lui) est beaucoup plus conventionnelle. Reste au milieu d’eux Breivik et ses délires racistes, impeccablement interprété par Anders Danielsen Lie (déjà vu dans La nuit a dévoré le monde, Ce sentiment de l’été et Oslo, 31 août), que le respect scrupuleux des droits de la défense et l’abolition de la peine de mort autorisera à insulter la mémoire des disparus pendant son procès et à survivre à sa condamnation.

La bande-annonce

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *