Hunters ★☆☆☆

À New York, en 1977, l’assassinat mystérieux de sa grand mère met en contact Jonah (Logan Lerman) avec Meyer Offerman (Al Pacino). Le milliardaire dirige un groupe hétéroclite de « chasseurs ». Leurs proies : les anciens nazis réfugiés aux États-Unis qui complotent à l’instauration d’un Quatrième Reich.

Précédée d’une tonitruante campagne de publicité, la dernière série d’Amazon est sortie le 21 février juste à temps pour le confinement. Elle a pour elle une reconstitution minutieuse des années soixante dix, de leur chaos (l’épisode 7 se déroule durant le black out du 13 juillet 1977 dont il impute la cause à un sombre complot ourdi par les nazis), de leurs looks afro et pat d’eph improbables, et de la présence en tête d’affiche d’Al Pacino.

Mais, après un premier épisode très réussi, qui s’ouvre par une scène d’anthologie (un Nazi, reconverti en politicien américain, assassine de sang froid toute sa famille durant un barbecue après avoir été reconnu par une ancienne détenue des camps) et qui voit le jeune Jonah être adoubé par les « chasseurs », la série s’installe dans un rythme assez poussif. D’épisode en épisode, on suit les protagonistes progresser pas à pas dans la traque du Loup, le sadique médecin-chef du camp où Meyer Offerman et la grand-mère de Jonah ont passé la guerre.
Pendant ce temps, les Nazis, dirigés par une colonelle (Lena Olin), aussi élégante que sadique, dont l’ultime scène de la série révèlera l’identité, fomentent un plan machiavélique : annihiler la moitié de la population américaine en empoisonnant son sucre de maïs (sic). Et une courageuse policière afro-américaine enquête sur les meurtres commis par les « chasseurs ».

Si Hunters se bornait à gentiment raconter cette histoire, on s’ennuierait sans se plaindre. Mais il y a plus grave.

D’une part, la narration est entrelardée de flashbacks dans des camps de concentration/d’extermination où, dans un éclairage grisailleux et avec une délectation malsaine, sont reconstitués les crimes les plus sadiques commis par des Nazis psychopathes. Ces reconstitutions ont suscité une réaction officielle du musée d’Auschwitz et de la Fondation pour la Shoah qui leur ont reproché leur outrance, craignant qu’elles encouragent le négationnisme.

D’autre part, la série, qui raconte la prise de conscience d’un adolescent des crimes commis contre sa famille et de l’urgence à en punir les auteurs, résonne comme un appel au vigilantisme. Les autorités officielles américaines sont accusées d’avoir encouragé l’exil de nombre de scientifiques nazis – ce qui, s’agissant par exemple de Wernher von Braun, le père des V2 puis du programme Apollo, constitue un fait historique avéré. Mais elles sont aussi accusées de rester passives devant les menées criminelles d’une bande de criminels nazis nostalgiques et psychopathes – ce qui relève évidemment de la fiction. Cette inertie justifie l’activisme des « chasseurs », les séances de torture qu’elles infligent à leurs prisonniers, voire les assassinats sans procès qu’ils commettent.
Certes ce message est corrigé in extremis au dernier épisode par un twist étonnant – et fort peu crédible – qui annonce peut-être une seconde saison au contenu moral moins ambigu. Mais il est déjà trop tard…

La bande-annonce

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