Le Labyrinthe du silence ★★☆☆

À Francfort, à la fin des années cinquante, un jeune procureur enquête sur les crimes contre l’humanité commis à Auschwitz. Dix ans après le procès de Nuremberg, c’est la première fois que la justice allemande accepte de regarder son passé en face.

Le cinéma allemand – ou du moins celui qu’on connaît en France – n’en finit pas de revisiter l’histoire contemporaine : La Vie des autres, Good Bye, Lenin !, Barbara, Phoenix, Fritz Bauer, un héros allemand, Elser, un héros ordinaire, L’Œuvre sans auteur, La Révolution silencieuse, Le Vent de la liberté … La liste est longue.

Le Labyrinthe du silence révèle une monstruosité : en 1958, le nom d’Auschwitz ne signifiait rien à la majorité des Allemands (de l’Ouest). La priorité était à la reconstruction. Elle nécessitait de tourner la page du passé et de taire la compromission des Allemands dans les crimes nazis.

Le Labyrinthe du silence raconte la préparation du procès de Francfort de 1963-1965 qui a révélé à l’opinion publique allemande le génocide juif et la responsabilité des soldats allemands dans son exécution.

Pour donner plus de force à son sujet, le réalisateur a fondu les figures des trois procureurs en une seule : un jeune et brillant juriste, épris de vérité, mais dont le passé familial cache de lourds secrets.

Le film est d’un classicisme éprouvé, suivant méthodiquement les étapes de l’enquête judiciaire, avec son lot de gentils (la fraîche fiancée, la secrétaire dévouée…) et de méchants (l’opportuniste procureur en chef, le méchant Nazi reconverti dans l’industrie…). Il relève la gageure de filmer les témoignages des survivants – témoignages archi-connus dont la répétition aurait fatalement lassé – sans leur laisser la parole : la caméra s’éloigne de la salle, la musique se fait plus grave, la porte se referme… jusqu’à ce que la greffière ne la rouvre, écrasée par le chagrin des confessions qu’elle vient de retranscrire.

Cette mise en scène trop classique, le jeu des acteurs trop lisse, l’histoire trop manichéenne sont les écueils que ce sujet en or ne parvient pas à éviter.

La bande-annonce

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