Dernier Caprice (1961) ★★★☆

M. Kohayagawa dirige une petite brasserie à Osaka, menacée par la concurrence. Il a eu trois enfants. Son fils est mort laissant une veuve, Akiko, qui hésite à se remarier. Sa fille aînée, Fumiko, est mariée à Hisao, qui travaille dans la brasserie de son beau-père et s’inquiète de son devenir. Sa cadette, Noriko, est secrètement amoureuse d’un ancien collègue et refuse les partis qu’on lui propose.
L’âge de M. Kohayagawa et sa santé déclinante laissent augurer sa fin prochaine. Mais avant de mourir, le vieil homme veut s’autoriser un « dernier caprice » : retrouver Madame Sasaki, une ancienne maîtresse avec qui il a eu jadis un enfant illégitime.

Dernier Caprice – aussi connu sous son titre plus littéral L’Automne de la famille Kohayagawa – est l’un des tout derniers films de Ozu. Son sujet testamentaire résonne avec le destin du grand réalisateur qui est sur le point de clôturer son œuvre avec Le Goût du saké. La mort rode ; mais cette perspective n’a rien de lugubre. Comme toujours chez Ozu, ses personnages se montrent d’une infinie délicatesse.

Le plus emblématique est Akiko, la belle-fille de Kohayagawa, interprétée par Setsuko Hara, qui refuse de se remarier. Le personnage fait écho à la relation secrète qui unissait le réalisateur et son interprète fétiche : elle arrêta sa carrière à la mort d’Ozu et vécut retirée, refusant la moindre interview pendant plus de cinquante ans.

Autour d’elle on retrouve, dans des rôles mineurs, les acteurs dont Ozu s’est entouré dans tous ses films : Chishu Ryu, Haruko Sugimura. On y retrouve sa manière de filmer, si reconnaissable : de longs plans fixes soigneusement cadrés tournés à ras du tatami, des champs-contrechamps filmés dans l’axe donnant presque l’impression que les protagonistes s’adressent à la caméra. Et surtout on y retrouve la légèreté et la tendresse dont sont emprunts chacun de ses films.

Je revois très rarement les films que j’ai déjà vus. Pourquoi le ferais-je ? Soit je les ai aimés et je risque de moins les aimer en les revoyant. Soit je ne les ai pas aimés et pourquoi les aimerais-je à leur seconde vision ? Mais néanmoins, l’âge aidant, quand la fin approchera, je consacrerai les six mois de répit que m’offrira mon cancer fulgurant à revoir les films d’Ozu. Je n’imagine guère de baume plus efficace aux chagrins de la vie.

La bande-annonce

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