India Song (1975) ☆☆☆☆

Anne-Marie Stretter (Delphine Seyrig) est morte et enterrée aux Indes. Elle était l’épouse de l’ambassadeur de France. Un soir, lors d’une réception, le vice-consul de France à Lahore, sous le coup d’une mutation disciplinaire, lui avait crié son amour.

En 1966, Marguerite Duras avait écrit un roman, Le Vice-Consul. En 1972, elle en avait signé l’adaptation pour le théâtre sous le titre d’India Song. La pièce était jouée à la radio en 1974 et devenait en 1975 un film. La mort de Michael Lonsdale est l’occasion de sa reprise dans quelques salles d’art et d’essai juste avant le reconfinement.

India Song est filmé selon un protocole bien particulier qui est, dit la légende, non pas le produit d’un choix délibéré mais de l’inexpérience de Marguerite Duras qui, le premier jour du tournage, voulait enregistrer en même temps la musique et les dialogues. Elle sacrifia les seconds à la première. Si bien que India Song offre l’image déconcertante de longs plans-séquence (le film de deux heures n’en compte que soixante-quatorze) désynchronisés : la voix off des acteurs ou des narratrices – au nombre desquelles on reconnaît celle de Marguerite Duras elle-même – est désynchronisée des images.

Comme les œuvres de Robbe-Grillet, comme celles de Resnais avant qu’il prenne un tournant plus léger, India Song est un film qui provoque soit la fascination, soit l’exaspération. Certes la musique omniprésente de Carlos d’Alessio est hypnotisante. Mais le ton languissant des voix off, la lenteur des longs travelings, les poses artificieuses des acteurs, les voiles de mystère qui entourent une histoire qui, tout bien considéré, se réduit à peau de chagrin, m’ont plus exaspéré que fasciné. C’est le signe décidément que je ne suis ni l’esthète ni l’intellectuel que je prétends être.

La bande-annonce

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