La Fille de Monaco (2008) ★★★☆

Bertrand Beauvois (Fabrice Luchini) est un ténor du barreau parisien appelé à Monaco pour y défendre Edith Lassalle (Stéphane Audran) accusée aux assises de l’assassinat de son jeune amant russe. Menacé par la mafia, Me Beauvois est escorté d’un garde du corps, Christophe Abadi (Roschdy Zem), qui ne le quitte pas d’une semelle. Durant son séjour sur le Rocher, l’avocat parisien croise Audrey Varella (Louise Bourgoin), une jeune Monégasque qui présente la météo sur la chaîne locale. La jeune femme, incroyablement sensuelle, réveille la libido assoupie du vieil avocat.

Anne Fontaine est une des réalisatrices les plus intéressantes du cinéma français. Tous ses films traitent un thème similaire : le dérèglement brutal d’existences ordinaires. Dans Nettoyage à sec, les propriétaires d’un pressing à Belfort (Miou-Miou et Charles Berling) voient débouler dans leur vie paisible un Adonis qui bouleverse leur train-train. Dans Entre ses mains, une célibataire endurcie (Isabelle Carré) tombe amoureuse d’un homme (Benoît Poelvoorde) qu’elle suspecte d’être un assassin en série. Dans Perfect Mothers, adapté d’une nouvelle de Doris Lessing, deux mères de famille (Naomi Watts et Robin Wright), la quarantaine, éprouvent une attirance trouble pour le fils de l’autre.

Dans La Fille de Monaco, c’est au tour de Fabrice Luchini, pour une fois remarquable de retenue, d’être entraîné dans une histoire qui le dépasse. Cet homme riche, distingué, intelligent, que l’âge et l’expérience ont cuirassé contre les émotions fortes, va vaciller. Il y a de quoi : Louise Bourgoin, dont c’était en 2008 la première apparition au cinéma, est proprement renversante dans le rôle d’une cagole sans scrupule. Sa prestation lui vaudra une nomination au César du meilleur espoir féminin et lui ouvrira la carrière que l’on sait.

L’habileté du scénario est de tisser ensemble deux histoires. D’un côté, l’histoire principale : le nœud de séduction dans lequel le personnage interprété par Fabrice Luchini manque de s’étouffer. De l’autre, l’histoire mineure : celle de cette femme mûre, interprétée par Stéphane Audran dans l’un de ses tout derniers rôles, qui, contre toute raison, perd la tête pour un jeune arnaqueur russe. Ces deux histoires résonnent entre elles : le grand avocat et la vieille douairière perdent la tête et mettent en péril une vie bien rangée pour une personne de trente (ou quarante ?) ans leur cadette.

À ces deux histoires s’en ajoute une troisième avec le personnage de Roschdy Zem, gorille impeccable, maniaque du règlement, viscéralement attaché à son patron. On comprend qu’il a eu une liaison avec Miss Météo. Nourri de son expérience, il met Me Beauvois en garde contre elle. Jusqu’où poussera-t-il le dévouement ?

La bande-annonce

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