1992. Kovas a douze ans. Sa mère Viktorija a fui l’URSS vingt ans plus tôt pour les États-Unis sans espoir de retour. L’indépendance récemment acquise lui permet de faire un voyage en Lituanie et d’y retrouver sa famille. Viktorija rêve de remettre la main sur le grand domaine dont sa famille avait été expropriée. Mais pour faire reconnaître ses droits, il lui faut démarcher une administration corrompue et se débarrasser des occupants sans titre qui se sont installés sur son terrain.
Un joli titre. Gimtine en lituanien signifie patrie, pays d’origine. Les distributeurs internationaux du film ont eu la riche idée de le traduire par Motherland, un néologisme forgé à partir de « fatherland », qu’on pourrait traduire par « la patrie de la mère » voire la « matrie » ce que Arte qui le diffuse n’a pas eu l’audace de faire.
C’est en effet dans le pays de sa mère que revient Kovas. Ou plutôt qu’il y vient car tout porte à croire qu’il n’y a jamais mis les pieds depuis sa naissance, bien que sa mère l’ait élevé dans sa langue. Pour ce petit Américain, qui est né et a grandi à Boston, tout est étrange et déconcertant dans ce « pays natal » filmé à travers ses yeux.
Ce presque-« retour au pays natal » aurait pu donner lieu à de stimulantes réflexions sur le post-soviétisme ou l’indépendance fraîchement acquise de la Lituanie. Mais ce n’est pas ce terrain qui intéresse Tomas Vengris qui, comme Kovas a grandi aux États-Unis de parents lituaniens. Il préfère la piste du roman d’apprentissage comme on en a hélas déjà vu treize à la douzaine, s’attardant, sans qu’ils présentent grand intérêt, sur les premiers émois adolescents du jeune homme, notamment en compagnie de Marija qui l’initie à la conduite automobile.
Sauf à nourrir pour les pays baltes et pour leur timide cinématographie un intérêt suspect, Motherland ne présente guère d’intérêt.