Un moment d’égarement ★☆☆☆

Amis de toujours, divorcé pour le premier ou sur le point de l’être pour le second, Antoine (Vincent Cassel) et Laurent (François Cluzet) passent leurs vacances en Corse. Leurs filles les accompagnent : Marie (Alice Isaaz), dix-huit ans, et Louna (Lola Le Lann), dix-sept. Tandis que Marie prend du bon temps sur la plage, Louna, plus romantique, se met en tête de séduire le père de son amie.

Un moment d’égarement est lesté d’une longue série de défauts. Son premier est d’être le remake pas vraiment nécessaire d’un film de Claude Berri sorti en 1977 avec Victor Lanoux et Jean-Pierre Marielle dans le rôle des pères, Agnès Soral et Christine Dejoux dans celui des filles. La comédie bourgeoise un peu lourde, vaguement égrillarde, façon Un éléphant, ça trompe… est passée de mode. Ses ressorts ne font plus rire ; le machisme qui la sous-tend met mal à l’aise. On se demande ce qu’est allé faire dans cette entreprise Jean-François Richet, le cinéaste des banlieues qui craquent, le réalisateur de Mesrine (avec Vincent Cassel déjà)

Un autre défaut est l’interprétation désastreuse de François Cluzet, qui s’enferre dans le rôle stéréotypé du vieux râleur, obsédé par la virginité de sa fille, prêt à tout pour défendre son honneur, et celle qui ne l’est pas moins de Lola Le Lann (dont la carrière n’a d’ailleurs pas décollé alors que celle de Alice Isaaz, ici dans un rôle moins valorisant, continue son cours prometteur). Un dernier défaut : Un moment d’égarement est une comédie estivale tournée dans une Corse de carte postale qui tire le film vers le clip pour office de tourisme.

Pour autant, si l’on fait le – gros – effort de passer par-dessus ces défauts, il faut reconnaître à ce film, produit par le propre fils de Claude Berri, une qualité. Il rend assez bien, au risque parfois de les caricaturer, les affres du désir. Désir de la jeune Louna, aussi brouillon qu’entier, aussi sentimental que sensuel, pour Antoine, si beau, si mature. Désir teinté de culpabilité d’Antoine, en pleine crise de la quarantaine, pour Louna, belle comme le diable, fraîche comme le jour. C’est cette veine là qui aurait dû être exploitée. Il aurait fallu tourner le dos aux ressorts usés de la comédie vieillotte de 1977 de Berri père, aux quiproquos, à l’affrontement des deux mâles. C’eût été un crime de lèse-majesté pour son fils.

La bande-annonce

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