Le Père de Nafi ★☆☆☆

Tierno est le jeune imam d’une petite ville du nord du Sénégal, en pays peul. Sa santé est fragile, ses poumons malades. Sa fille, Nafi, souhaite se marier avec Tokara, son cousin. Les deux jeunes gens rêvent de partir à Dakar, Nafi pour y poursuivre des études de neurosciences, Tokara pour y danser. C’est le moment que choisit Ousmane, le frère de Tierno et le père de Tokara, pour débarquer. Il revient d’Europe où il a passé de longues années et où il a versé dans le fanatisme religieux qu’il souhaite imposer à sa communauté et aux futurs époux.

Le Père de Nafi a été tourné à Matam sur les bords du fleuve Sénégal. Mon père y exerça les fonctions de vétérinaire colonial au tout début des années cinquante. Ma sœur aînée y naquit en 1951 – pour être tout à fait exact, à bord du bateau qui conduisait sa mère à la maternité de Saint-Louis-du-Sénégal. J’eus beau passer à mon tour près de quatre ans à Dakar, je ne m’y suis jamais rendu tant la localité est inaccessible et sans attrait. C’est du coup avec beaucoup d’émotion que j’ai scruté les arrières-plans imaginant y retrouver ceux qu’avaient connus mon père il y a plus de soixante-dix ans.

Le Père de Nafi a des airs de pièce de théâtre shakespearien voire de western. Deux visions archétypales de l’Islam s’y opposent, jouant avec un peu trop de facilité sur un thème qui est dans l’air du temps : d’un côté l’Islam tolérant de Tierno, de l’autre celui intégriste d’Ousmane. Nafi et Tokara sont censés incarner deux Roméo et Juliette modernes, aspirant à s’aimer malgré les obstacles. Hélas, ces deux personnages sont trop sommairement dessinés – et trop mal interprétés – pour avoir suffisamment de profondeur.

Il était un temps où le cinéma africain était si rare que la moindre de ses productions suscitait l’enthousiasme (je pense à ma fascination adolescente devant les films hypnotisants de Souleymane Cissé dans les années quatre-vingts) ; mais après Bamako et après surtout Timbuktu, César 2015 du meilleur film et du meilleur réalisateur, qui déjà traitaient les mêmes thèmes, cet exotisme ne fonctionne plus.

La bande-annonce

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