Solo ★★☆☆

Martín Perino fut un jeune pianiste prodige, couvé par sa mère, pianiste professionnelle elle aussi, avant de sombrer dans la paranoïa et la schizophrénie. Le réalisateur Artemio Benki est allé le débusquer dans un hôpital psychiatrique de Buenos Aires où il était interné. Il l’accompagne à la sortie de l’hôpital et l’aide à retrouver une vie normale, dans l’appartement désaffecté de ses parents décédés, au contact de ses anciens professeurs, à la recherche de nouveaux cachets.

Piano et folie. En 1997 Shine s’inspirait de la vie du pianiste David Helgfoot, un prodige du clavier que de graves troubles psychiatriques éloignèrent de la scène avant un retour triomphal. Le film australien valut à son acteur principal, Geoffrey Rush, l’Oscar, le Golden Globe et le BAFTA du meilleur acteur.
En 1993 déjà le canadien François Girard avait réalisé une oeuvre originale, à mi-chemin du documentaire et de la fiction autour de la vie de Glenn Gould : Twenty Short Films About Glenn Gould que le confinement m’a permis de voir et qui n’a pas pris une ride.

C’est du même sujet que traite le documentaire d’Artemio Benki. Il a pour héros un pianiste moins célèbre que le génial Canadien, mais pas moins attachant. Martín Perino est un gros nounours attachant aux paluches monstrueuses dont on n’imagine pas qu’il puisse jouer avec une telle sensibilité et avec une telle virtuosité. Il présente manifestement tous les signes d’un grave déséquilibre psychiatrique dont attestent ses internements à répétition et sa consommation massive de médicaments. Sa maladie le rend d’autant plus attachant.

J’ai pensé devant ce documentaire à l’héroïne du Jeu de la dame, la mini-série à succès que le monde entier a regardé pendant le confinement. Comme Beth Harmon, Martín Perino ne vit que par et pour son art. Sans piano, il dépérit. Avec un piano, il s’isole du reste du monde dans une spirale suicidaire. Le Jeu de la dame se terminait sur une note d’optimisme, happy ending hollywoodien oblige. Solo ne subit pas les mêmes injonctions et peut s’autoriser une fin plus ouverte, mais moins euphorisante.

La bande-annonce

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