True Mothers ★★☆☆

Satoko veut son enfant. Mais son mari est stérile. Après beaucoup d’hésitations, le couple envisage d’adopter. Il se rapproche de l’association Baby bâton, une association, basée près d’Hiroshima qui met en contact des jeunes mères incapables d’élever leur enfant et des parents incapables d’en concevoir. Parmi les pensionnaires de baby bâton figure Hikari, une jeune lycéenne de quatorze ans à peine, tombée enceinte de son tout premier flirt. Sa grossesse a été révélée trop tard, rendant l’avortement impossible. Ses parents, craignant le scandale, ont exigé qu’elle accouche discrètement et qu’elle abandonne son enfant pour reprendre le cours normal de sa vie.
Mais Hikari ne s’est jamais remise de cette décision, prise contre sa volonté. Six ans plus tard, alors que le jeune Asato grandit dans sa famille d’adoption qui le couve d’un amour oblatif, Hikari décide de retrouver et de récupérer son enfant.

Je ne suis pas un grand fan de Naomi Kawase, une réalisatrice japonaise pourtant internationalement reconnue, qui a, pour chacun de ses films, son carton déjà réservé à Cannes. Je ne partage pas l’enthousiasme unanime pour Les Délices de Tokyo que j’ai trouvé un peu gentillet : « C’est MasterChef à la sauce Paulo Coelho » écrivais-je caustiquement à sa sortie en 2016. J’ai un peu traîné les pieds pour aller voir ce True Mothers dont je craignais qu’il se borne à raconter une histoire cousue de fil blanc, dont la résolution était jouée d’avance dans son titre (le pluriel de True Mothers) : la tension entre deux amours maternelles, celui de la mère biologique et de la mère d’adoption.

Je n’ai hélas guère été étonné. Comme je le craignais, l’histoire que j’avais imaginée s’est déroulée sous mes yeux, sans surprise. Mais, il faut reconnaître à Naomi Kawase le talent de la raconter avec beaucoup de sensibilité et d’intelligence. Élevée par sa grand-tante et son mari, après avoir été abandonnée à sa naissance par sa mère, elle a sans doute mis beaucoup d’elle même dans un sujet qui la touchait de si près. Elle utilise un procédé sans doute un peu artificiel, mais diablement efficace : une narration fragmentée qui joue à saute-mouton avec les temporalités, passant sans crier gare d’un personnage à l’autre (les amours adolescentes de Hikari d’une part et le drame de l’infertilité du couple que forment Satoko et son mari d’autre part constituent deux histoires indépendantes qui auraient pu, à elles seules, constituer la trame d’un film) et d’une époque à l’autre. Pour mettre cette savante architecture en place, Naomi Kawase prend son temps : True Mothers dure 2h20. Mais ce sont 2h20 qu’on ne voit pas passer tant le film est attachant.

La bande-annonce

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