Des mots qui restent ★★☆☆

Ancienne directrice de la photographie chez Varda, Féret ou Allio, la franco-israélienne consacre sa retraite studieuse à la réalisation de documentaires autour de sa passion : les langues, leur traduction, leur transmission. Après Traduire (2011), Signer (2018) et Yiddish (2019), voici Des mots qui restent consacré aux dialectes arabes mâtinés d’hébreu parlés tout autour du bassin méditerranéen et retranscrits en caractères hébraïques : le ladino (ou haketia) judéo-espagnol du nord du Maroc, le judéo-libyen parlé par Aldo Naouri dans son enfance, le judéo-persan….

Je suis allé le voir dans le même cinéma bobo du Quartier Latin où j’avais vu ses trois précédents documentaires, probablement entouré des mêmes spectateurs fidèles, âgés et fins lettrés.

Nurith Aviv interviewe chez eux, à Paris, à New York, en Israël, six spécialistes de ces idiomes. Elle les filme systématiquement en six séquences d’une dizaine de minutes chacune selon le même schéma. D’abord, dos à leur fenêtre, ils prononcent quelques mots usuels dans leur langue. Puis, face caméra, ils donnent une longue interview. La séquence se termine par la lecture d’un court texte, tiré d’un classique de la littérature judéo-arabe ou d’un écrit d’un des interviewés.

Les cinquante-deux minutes formatées et la structure métronomique de ce documentaire n’en font pas un objet de cinéma. Il doit sa sortie très limitée à l’audience que les documentaires de Nurith Aviv y ont acquise auprès d’un public CSP++ vieillissant et passionné de sémiologie. Pour autant, son sujet si savant n’en est pas moins fascinant. Et, l’intelligence lumineuse des différents intervenants est volontiers communicative. Si écouter des orateurs intelligents rendait intelligent, on serait moins bête à la sortie de la salle.

La bande-annonce

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