The Cloud in Her Room ☆☆☆☆

Une jeune femme de vingt-deux ans, Muzi, revient passer les fêtes du Nouvel an lunaire à Hangzhou sa ville natale. Elle s’installe dans l’ancien appartement désaffecté de ses parents qui se sont séparés. Son père, batteur dans un orchestre de jazz, a pris une nouvelle femme. Sa mère, de plus en plus alcoolique, enchaîne les amants. Muzi retrouve à Hangzhou un ami d’enfance et vit avec lui une aventure. Elle sympathise aussi avec le propriétaire d’un établissement de nuit.

La réalisatrice de The Cloud in Her Room est photographe de formation. C’est la raison qui explique le soin porté à l’image, sous toutes ses déclinaisons. C’est là, de mon point de vue, l’unique intérêt de ce film qui donne, par ailleurs, la désagréable impression de se moquer de ses spectateurs.

On a un peu l’impression que la réalisatrice a filmé, au fil de l’eau (car il pleut beaucoup dans ce film hivernal et froid), quelques scènes et nous les jette façon puzzle à la vue, à charge pour nous d’en restaurer la chronologie et la logique.

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La Leçon d’allemand ★☆☆☆

Avant d’être interné dans un centre de redressement pour jeunes délinquants, Siggi Jepsen passa son enfance avec sa famille dans le nord de l’Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale. Son père, Jens Ole Jepsen, un homme inflexible, guidé par le respect aveugle de la discipline, y dirigeait le minuscule poste de police. Son père avait un ami d’enfance, le peintre expressionniste Max Ludwig Nansen, dont les œuvres avaient été interdites par le régime nazi.

La Leçon d’allemand est d’abord un roman écrit à la fin des années soixante et bientôt devenu un classique de la littérature allemande, même s’il n’est guère connu hors des frontières. Une première adaptation en fut filmée pour la télévision en 1970. Christian Schwochow, qui avait déjà tourné en 2016 dans les mêmes paysages du Schleswig-Holstein une biographie de Paula Modersohn-Becker, s’est donné les moyens d’une adaptation léchée pour le cinéma. Sortie en octobre 2019 en Allemagne, elle a mis plus de deux ans à franchir le Rhin.

La Leçon d’allemand rappelle irrépressiblement Le Tambour. Le roman de Günter Grass avait été écrit en 1959. Son adaptation par Volker Schlöndorff, auréolée de la Palme d’Or, était sortie en 1979. Il racontait, comme La Leçon d’allemand après lui, la chape de plomb du nazisme à travers les yeux d’un enfant.

La Leçon d’allemand le fait dans les paysages sublimes de la mer du Nord, à l’extrême nord du Danemark. C’est le principal atout d’un film qui, hélas, pour le reste, ploie sous un académisme hors d’âge.

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Michael Cimino, un mirage américain ★★☆☆

Michael Cimino a marqué de son empreinte le cinéma américain avec des chefs-d’œuvre comme Voyage au bout de l’enfer ou La Porte du paradis. L’abyssal gouffre financier creusé par la production de ce film-là lui a à jamais attaché la réputation d’un cinéaste maudit que les succès ultérieurs de L’Année du dragon ou de Desperate Hours n’ont pas réussi à l’en débarrasser.
Le critique et historien du cinéma Jean-Baptiste Thoret avait rencontré Michael Cimino en 2010, six ans avant sa mort. Il avait avec lui effectué un improbable road trip sur les lieux mêmes du tournage de La Porte du Paradis, au Montana et au Colorado. Il en avait tiré un livre publié en 2013. Il est revenu début 2020 aux Etats-Unis pour y retrouver les lieux de tournage des films de Cimino, notamment ceux du Voyage en Ohio.

Le documentaire que Jean-Baptiste Thoret consacre à Michael Cimino est passionnant. Il passionnera ceux qui ont vu et aimé les films de ce cinéaste maudit autant qu’il excitera la curiosité de ceux qui ne les ont pas (encore) vus.

Mais il souffre d’un grave problème de construction. Toute sa première heure se déroule à Mingo Junction, une ancienne cité sidérurgique de l’Ohio où a été tourné Voyage au bout de l’enfer. C’est autant un documentaire sur le film et son tournage que sur une ville désindustrialisée de l’Amérique profonde et de ses white trash – dont il y a lieu de craindre qu’ils aient encore donné leurs suffrages à Trump en 2020. À lui seul ce sujet là aurait pu faire l’objet d’un documentaire. Mais Thoret ressent le besoin d’en tourner un second, à l’autre bout des Etats-Unis, dans les paysages enneigés et majestueux du Montana, en y mixant la voix enregistrée en 2010 de Michael Cimino.
Le film en sort boiteux, trop long d’une bonne quarantaine de minutes.

Thoret a réussi à interviewer quelques grands témoins. Parmi eux Quentin Tarantino replace en quelques phrases l’œuvre de Cimino dans l’histoire du cinéma américain, dans celle du Nouvel Hollywood. Il souligne sa filiation au cinéma de Ford, auquel Cimino vouait une admiration révérencieuse, et de Visconti, dont il avait la même élégance.
Thoret interviewe aussi Oliver Stone. Sous couvert de faire le panégyrique de son collègue défunt, le réalisateur de Platoon lui décoche quelques flèches vipérines. On pourrait reprocher à Stone cette mauvaise manière ; mais force est de reconnaître que les critiques qu’il fait à Cimino (son intransigeance, son refus de tout compromis, son manque de sociabilité) ne sont pas sans fondement et participent aussi de son identité.

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The Lost Leonardo ★★★☆

Le Salvator Mundi, attribué à Léonard de Vinci, a été vendu aux enchères en 2017 par Christie’s à New York pour la somme de 400 millions de dollars. C’est le tableau le plus cher jamais mis aux enchères. Pourtant son authenticité reste douteuse.

Quelques mois après le documentaire diffusé sur France 5, celui réalisé par le Danois Andreas Koefoed revient sur cette rocambolesque histoire.

La toile, très endommagée, a été dégottée par un sleeper hunter, un « chasseur d’oeuvres dormantes » dans une vente aux enchères à La Nouvelle-Orléans en 2005 pour la modeste somme de 1175 dollars. Considérablement restaurée par Dianne Modestini, une des plus grandes spécialistes de la renaissance au monde, elle a été authentifiée par un panel d’experts réunis à Londres et présentée à la National Gallery à une exposition consacrée à Leonardo en 2011. L’oligarque russe Dimitri Rybolovlev en fait l’acquisition en 2013 pour 127,5 millions de dollars, laissant à l’intermédiaire suisse Yves Bouvier une marge confortable. Quatre ans plus tard, après une campagne marketing d’une redoutable efficacité sur le thème du « dernier Leonard » ou du « Leonard perdu », Christie’s en réussit la vente historique. L’identité du mystérieux acheteur est révélée quelques mois plus tard : il s’agit du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane.

Ce remarquable documentaire a trois éminentes qualités.
La première est de nous raconter une histoire digne des thrillers les plus palpitants. Sans doute, la lecture de la notice Wikipedia consacrée au Salvator Mundi ainsi que celle de quelques articles auxquels elle renvoie nous en aurait appris tout autant – et même un peu plus s’agissant par exemple de la « provenance » de l’oeuvre sur laquelle le documentaire est peu disert. Mais il le fait avec un tel talent dans le montage et dans le découpage que The Lost Leonardo, malgré son format très classique, s’élève au rang des meilleurs documentaires.
La deuxième est de nous faire réfléchir à la notion d’oeuvre d’art et aux difficultés de les authentifier. La difficulté est d’autant plus grande à la Renaissance où les peintures étaient exécutées en ateliers par des compagnies d’artistes. Beaucoup d’oeuvres attribuées à Leonardo ou dont l’attribution reste polémique n’ont, dans une certaine mesure, qu’en partie été exécutées par lui, le maître laissant à ses élèves les tâches subalternes. À partir de quel moment une oeuvre de l’atelier de Leonardo peut-elle être attribuée au maestro ou à ses disciples ?
La troisième est de replacer cette polémique dans une perspective plus vaste. Le documentaire est en effet divisé en trois parties. Seule la première concerne à proprement parler la question purement artistique de l’authentification du tableau. Les deux autres, qui ne sont pas moins intéressantes, s’intéressent aux enjeux d’argent et de pouvoir qu’il a suscités. Comme son histoire le montre, des sommes vertigineuses ont été versées pour ce tableau qui devient, dans le capitalisme du XXIème siècle, un placement sûr, faiblement taxé et hautement spéculatif. Il devient aussi un enjeu de pouvoir comme en atteste son acquisition, encore mystérieuse, par le futur leader saoudien qui veut peut-être en faire le joyau du musée qu’il érige en plein désert pour y attirer des touristes.

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Soy Libre ★★☆☆

Durant seize ans, la documentariste Laure Portier, passée par l’ENSAV à Toulouse et l’INSAP à Bruxelles, a filmé son demi-frère Arnaud Gomez, un adolescent élevé par un père absent et par une mère instable, ballotté de foyer en foyer avant de sombrer dans la délinquance.

Soy Libre est un documentaire doublement touchant.
Touchant par son héros, Arnaud, un Antoine Doinel du vingt-et-unième siècle, sevré d’amour, qui cherche désespérément le bonheur, dans une fuite solitaire, en Espagne d’abord, puis au Pérou.
Touchant par le regard aimant que porte sur lui sa demi-sœur, la réalisatrice Laure Portier, qui entrelace les images qu’elle a elle-même tournées et celles qu’Arnaud a filmées avec son téléphone portable comme autant de bouteilles à la mer lancées depuis l’autre bout du monde pour donner des nouvelles à sa sœur et l’appeler au secours.

Si l’on manquait d’empathie – et j’en possède très peu – on pourrait avoir une réaction épidermique à ce  documentaire, l’accuser de complaisance, considérer son héros comme un parasite social dont les délits répétés ne méritent aucune indulgence et que sa sœur, au risque de s’en rendre elle-même complice, filme avec une complaisance coupable. Je mentirais en disant que cette réaction là ne m’a pas effleuré.

Mais – car Dieu merci l’humanité qui sommeille en nous se réveille parfois – on ne réussit pas à trouver ce chien fou tout à fait antipathique, à ne pas être affligé par sa longue errance solitaire au bord des autoroutes espagnoles ou des rues pluvieuses de Cuzco, à ne pas être ému de son chagrin au chevet de sa grand-mère agonisante et à ne pas être rasséréné par l’équilibre qu’il semble avoir enfin trouvé au fin fond de la jungle amazonienne auprès de sa femme et de son bébé (ne me reprochez pas de spoiler un film que, de toutes façons, vous n’irez pas voir faute qu’il soit diffusé dans plus d’une salle bobo du Quartier latin !)

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Medusa ★☆☆☆

Mariana appartient à une groupe de jeunes filles, les Précieuses, rattaché à une Église évangélique et binômé avec un groupe de jeunes garçons, les Veilleurs de Sion. Ces huit femmes, bientôt rejointes par une neuvième, une cousine de Mariana dont elle parraine l’entrée dans le groupe, mènent à la nuit tombée des opérations punitives dans les rues de São Paulo pour poursuivre, attaquer et terroriser les femmes qu’elles croisent et auxquelles elles reprochent leurs mœurs légères.

Anita Rocha da Silveira signe un film intrigant, au frontière de plusieurs genres : film d’horreur (Mariana trouve un emploi dans une clinique lugubre dont les patients sont plongés dans un coma profond), polar (les Précieuses partent à la recherche d’une starlette mystérieusement disparue), drame sentimental (Mariana s’éveille à l’amour au contact d’un séduisant infirmier), brûlot politique (Medusa dénonce les dérives du bolsonarisme, confit en religion, violent, haineux et misogyne, et le poids du patriarcat).

Le résultat s’avère à la longue pourtant décevant. Le film tourne en rond autour des thèmes, pourtant passionnants, qu’il entend traiter. Son audace formelle (prises de vue nocturnes, couleurs fluo, échappées poétiques…) surprend, interroge, mais lasse vite. La scène finale, paroxystique, cumule les défauts de ce film trop long. Dans le même registre, on lui préfèrera largement le dérangeant Les Bonnes manières.

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La Méthode Williams ☆☆☆☆

Richard Williams (Will Smith) a méticuleusement planifié la carrière de ses filles, Vénus et Serena, pour en faire deux des  joueuses les plus titrées de l’histoire du tennis.

J’avais raté à sa sortie, le 1er décembre 2021, ce film, d’ailleurs éclipsé par le dernier Almodovar et une énième resucée de SOS Fantômes. L’Oscar du meilleur acteur attribué à Will Smith et le tollé provoqué par sa gifle colérique sur la scène du Dolby Theater de Los Angeles m’ont incité à rattraper mon retard. Que de temps perdu ! La Méthode Williams (dont le titre original, King Richard, est autrement savoureux, mais nettement moins explicite) est un mauvais film parasité par le cabotinage de son héros-producteur.

Venus Williams et Serena, sa cadette de quinze mois, sont des sportives hors du commun dont la carrière méritait sans l’ombre d’un doute un biopic. La façon dont leur père les a coachées, dont il a décidé, contre toute raison, de ne pas leur faire suivre la voie traditionnelle empruntée par toutes leurs prédécesseurs pour les inscrire directement dans le circuit pro sans les faire concourir aux Juniors, est originale. Pour autant, l’hagiographie à laquelle se prête Will Smith – et que co-produisent les deux tenniswomen – est bien trop univoque pour satisfaire la curiosité que ce sujet avait fait naître.

Richard Williams y est présenté comme un homme sans défaut, sinon celui de nourrir une ambition démesurée pour ses filles et de mettre en oeuvre un plan sans jamais y déroger. Rien n’est dit de son passé – avant de rencontrer la mère de Venus et Serena, il eut une première épouse et, avec elle, quatre enfants – ni de son divorce en 2003, ni de son remariage en 2010 avec une jeune femme de trente-sept ans sa cadette. Rien n’est dit non plus de sa « méthode » dont on ne saura pas après deux heures et vingt-cinq minutes de film, comment elle réussit à faire de deux filles apparemment ordinaires des joueuses d’exception.

La Méthode Williams tangente un sujet qui aurait mérité de plus amples développements : la complicité et la rivalité entre les deux sœurs, leur père ayant d’abord fait le choix de n’encourager que l’aînée avant que la cadette, grandie dans son ombre, ne l’égale puis ne la dépasse.

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The Housewife ★☆☆☆

Toko a arrêté de travailler après son mariage pour élever son enfant. Coincée entre sa belle-mère, son mari et sa petite fille , elle s’étiole à vue d’oeil. Lorsqu’elle croise un ancien amant, avec qui elle avait effectué un stage une dizaine d’années plus tôt dans un cabinet d’architecture, et renoue avec lui une liaison adultère, elle se décide à reprendre le travail. Son nouveau poste lui offre de nouvelles perspectives mais l’oblige à remettre en cause son mariage et son statut.

The Housewife est le curieux titre choisi par les distributeurs français de ce film de la réalisatrice Yukiko Mishima, sorti au Japon, mais aussi aux Etats-Unis et au Royaume-Uni sous le titre Red. Red est en effet le titre du roman publié en 2014 par la jeune écrivaine Rio Shimamoto. La couleur rouge fait allusion, semble-t-il, au sang, aux liens familiaux, que la culture japonaise place au-dessus de tout et dont l’héroïne de The Housewife doit se libérer.

Film de femme, adapté d’un roman écrit par une femme, The Housewife a le mérite de battre en brèche quelques uns des préceptes masculinistes sur lesquels le Japon est construit : la femme doit souvent y renoncer à son travail après son mariage ; elle doit se consacrer à l’éducation de ses enfants ; silencieuse et aimante, elle doit décharger son mari des tâches domestiques.

L’actrice Kaho (qu’on avait déjà vue chez Kurosawa et chez Kore-Eda) a ce mélange de force et de faiblesse qui convient parfaitement à ce rôle. Hélas le scénario la dessert, qui essaie assez artificiellement d’enchasser dans la narration chronologique de son histoire des flash-forwards nébuleux dont le sens ne s’éclairera que très progressivement. The Housewife présente des scènes de sexe très explicites – ce qui n’est pas monnaie courante dans le cinéma japonais depuis Oshima. Mais c’est bien là la seule originalité d’un film qui accumule les poncifs mélodramatiques.

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Des mots qui restent ★★☆☆

Ancienne directrice de la photographie chez Varda, Féret ou Allio, la franco-israélienne consacre sa retraite studieuse à la réalisation de documentaires autour de sa passion : les langues, leur traduction, leur transmission. Après Traduire (2011), Signer (2018) et Yiddish (2019), voici Des mots qui restent consacré aux dialectes arabes mâtinés d’hébreu parlés tout autour du bassin méditerranéen et retranscrits en caractères hébraïques : le ladino (ou haketia) judéo-espagnol du nord du Maroc, le judéo-libyen parlé par Aldo Naouri dans son enfance, le judéo-persan….

Je suis allé le voir dans le même cinéma bobo du Quartier Latin où j’avais vu ses trois précédents documentaires, probablement entouré des mêmes spectateurs fidèles, âgés et fins lettrés.

Nurith Aviv interviewe chez eux, à Paris, à New York, en Israël, six spécialistes de ces idiomes. Elle les filme systématiquement en six séquences d’une dizaine de minutes chacune selon le même schéma. D’abord, dos à leur fenêtre, ils prononcent quelques mots usuels dans leur langue. Puis, face caméra, ils donnent une longue interview. La séquence se termine par la lecture d’un court texte, tiré d’un classique de la littérature judéo-arabe ou d’un écrit d’un des interviewés.

Les cinquante-deux minutes formatées et la structure métronomique de ce documentaire n’en font pas un objet de cinéma. Il doit sa sortie très limitée à l’audience que les documentaires de Nurith Aviv y ont acquise auprès d’un public CSP++ vieillissant et passionné de sémiologie. Pour autant, son sujet si savant n’en est pas moins fascinant. Et, l’intelligence lumineuse des différents intervenants est volontiers communicative. Si écouter des orateurs intelligents rendait intelligent, on serait moins bête à la sortie de la salle.

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Marché noir ★★★☆

Un drame est survenu dans un abattoir. Trois individus, piégés dans une chambre froide y sont morts congelés. Le patron, M. Motevalli, en blâme Abed, le vieux gardien de nuit, qui appelle immédiatement à l’aide Amir, son fils aîné, qui traîne derrière lui un vieux passé de délinquant. Les trois hommes enterrent les cadavres derrière un corps de ferme et s’espèrent quittes.
Mais quelques jours plus tard, Amir voit débouler les deux enfants d’un des disparus dont les révélations éclairent d’un autre jour les circonstances du drame.

Il y a un embouteillage de films iraniens sur les écrans depuis quelques mois : La Loi de Téhéran, Le Pardon, Le diable n’existe pas, Un héros, Les Enfants du soleil… Ils sont tous d’une excellente facture, même si peut-être La Loi de Téhéran les dépasse tous d’une courte tête. Ils ont le défaut de se ressembler un peu. À chaque fois, il s’agit de films forts, qui louchent pour certains du côté du thriller (c’était le cas de La Loi de Téhéran et c’est le cas de Marché noir), qui peignent, dans des sociétés cyniques et hypocrites, des individus abandonnés à eux-mêmes face à des dilemmes cornéliens.

C’est le cas une fois de plus de ce polar qui a reçu le prix du Jury au festival du film policier de Reims (le Grand Prix étant précisément attribué à La Loi de Téhéran). Le suspense qu’il distille nous tient en haleine ; ses personnages, notamment celui de M. Motevalli, y ont de l’épaisseur ; ses rebondissements sont nombreux ; et surtout, il nous fait découvrir l’économie souterraine et illégale du trafic de devises en Iran dans une scène particulièrement vertigineuse. Pour autant, il n’a pas une originalité telle qu’il sorte du lot et le rende inoubliable.

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