Frère et Sœur ★☆☆☆

Louis (Melvil Poupaud) et Alice (Marion Cotillard) sont frère et sœur et se haïssent. Ils ont grandi à Roubaix auprès d’un père autodidacte et d’une mère autoritaire. Ils ont chacun fait leur vie : Louis est devenu un écrivain à succès, Alice une grande actrice de théâtre. Mais tous deux cachent une immense fêlure intérieure qu’ils soignent à coup d’alcool, de drogue et de médicaments. Si Louis a rencontré l’amour avec Faunia (Golshifteh Farahani), la mort de son fils Jacob à six ans à peine l’a détruit. Quant à Alice, quoique mariée au grand dramaturge Borkman, et mère d’un ravissant Joseph, elle n’est guère plus vaillante.
Louis et Alice se haïssent à tel point qu’ils ne se voient plus depuis des années. Mais le grave accident dont sont victimes leurs parents les oblige à se croiser à leurs chevets.

Arnaud Desplechin est de retour sur la Croisette. La quasi-totalité de ses films y a été présentée – sans jamais y décrocher la moindre récompense. Arnaud Desplechin incarne jusqu’à la caricature un certain cinéma d’auteur français : sombre et grave dans les thèmes qu’il traite (la famille et ses déchirures), théâtral dans sa mise en scène, alignant toujours une palette de stars suffisamment bankables pour faire la une des gazettes (Marion Cotillard, candidate à la Palme de la meilleure actrice, et Melvil Poupaud ici, Léa Seydoux, Denis Podalydès, Emmanuelle Devos, Roschdy Zem, Mathieu Amalric, Sara Forestier, Charlotte Gainsbourg, Catherine Deneuve avant eux).

La haine qui déchire un frère et une sœur ferait sans nulle doute un excellent thème de tragédie. Le problème de Frère et Sœur est de le traiter avec un sérieux plombant et un manque criant de crédibilité.
D’où vient la haine qui sépare Louis et Alice ? Parce qu’on a l’esprit mal placé et parce qu’une lecture entendue à la synagogue (où Louis accompagne son ami Zvi, interprété par un Patrick Timsit à contre-emploi étonnamment touchant dans un rôle grave) le laisse augurer, on imagine le pire. Mais on n’en saura rien. Ellipse du scénario ? ou paresse des scénaristes ?
Pourquoi ne se réconcilient-ils pas ? Leur haine serait d’autant plus crédible que leurs personnages seraient haïssables. Or, ni Louis ni Alice n’inspire un tel sentiment. Au contraire, leurs souffrances font peine à voir et on n’aspire qu’à une chose : leur inéluctable réconciliation.

Sauf à prendre un plaisir malsain à regarder des suicidaires qui menacent de se jeter du toit, des comateux qu’on ampute d’une jambe gangrenée, des héros alcooliques déchirés de chagrin et des enterrements à la pelle, on préfèrera à ce morbide Frère et Sœur, l’autrement plus réjouissant Coupez ! et ses joyeuses giclées de faux sang.

La bande-annonce

Un commentaire sur “Frère et Sœur ★☆☆☆

  1. Cher Yves, vous êtes décidément allergique à Desplechin ! Arrêtez de vous faire du mal, boycottez le

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