Mizrahim – Les Oubliés de la Terre promise ★☆☆☆

La Française Michale Boganim ressuscite la mémoire de son père, décédé en 2017. Juif marocain immigré en Israël dans les années cinquante, il faisait partie des Black Panthers israéliennes, un mouvement radical composé de Juifs et d’Arabes qui combattait la domination des Juifs ashkénazes.
Michale Boganim part en Israël sur la trace des Mizrahim, ces Juifs orientaux, originaires du Maroc, d’Algérie, de Syrie, du Yemen, attirés dans la Terre promise par la promesse d’une vie meilleure, mais souvent relégués dans des cités pionnières, en lisière du désert, et cantonnés à des tâches subalternes.

Son documentaire a le mérite de nous faire découvrir une vérité sociologique méconnue. Israël s’est construit avec une immigration plurielle. Aux premières vagues de Juifs ashkénazes fuyant les pogroms et les persécutions nazies en Europe ont succédé des Juifs séfarades. Ils venaient de terres d’Islam où la cohabitation pourtant séculaire avec la population musulmane était devenue impossible après les indépendances et l’arrivée au pouvoir de dirigeants pourtant laïcs mais volontiers antisémites, en Égypte ou en Irak par exemple.
Loin de l’image d’Epinal du kibboutz cosmopolite où ces Juifs, laïcs ou religieux, se seraient harmonieusement fondus, la réalité fut plus sombre. L’élite ashkénaze exerçait une domination de fait. Les minorités séfarades, dont la langue, les coutumes, la couleur de la peau les assimilaient aux Palestiniens honnis, étaient relégués aux marges de la société.

Mizrahim raconte l’histoire de ces discriminations et celle du mouvement politique créé par le père de la réalisatrice pour les combattre. Ce mouvement a fait long feu et a disparu avec le sursaut d’unité nationale provoqué par la guerre du Kippour en 1973. Les Mizrahim ont exprimé leurs revendications autrement : via la droite nationaliste qu’ils soutinrent dans son accession au pouvoir contre la gauche historique de David Ben Gourion et Golda Meir.

Mizrahim a le défaut d’osciller entre trois niveaux de lecture sans arrêter son parti. 1. Le documentaire historique sur l’histoire des Mizrahim hélas pas assez documentée. 2. Le road movie à la rencontre de leurs descendants, un peu trop mécanique. 3. L’émouvante histoire familiale, hélas à peine effleurée.

La bande-annonce

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